Aux temps
romains, une intense activité de charrois, cavaliers, mulets et
piétons se croisait aux gués de Sainte-Anastasie
et de Dions, non loin de la
voie romaine. Mais, lors des crues d'hiver, seuls le piéton ou le
cavalier parvenaient, d'un grand détour, à traverser la rivière au
Pont-du-Gard par un étroit cheminement le long des piliers, au
deuxième étage des arches; passage si étroit que les mules à bât ne
pouvaient s'y risquer. Au XIIle siècle enfin, le pont Saint-Nicolas
de Campagnac établit la précieuse liaison entre Nîmes et Uzès. Plus
tard, pendant les guerres de Religion, il devint le lieu crucial des
combats. Occupé par les protestants, il permettait de conserver le
contact entre les deux villes alliées; enlevé par les troupes
royales ou les Guisards, il isolait les deux cités.
à la fin du XII°,
les Templiers couvraient la région d'un réseau de Commanderies et de
Templeries destiné à rassembler le ravitaillement nécessaire aux
troupes combattant en Palestine. Il leur fallait aussi multiplier
les voies d'accès vers leur grand port d'embarquement sur la
Méditerranée, Saint-Gilles sur le Rhône qui leur appartenait en
partie. Ces deux impératifs les avaient amenés à organiser une
véritable police des routes contre brigands et pillards de
caravanes, mais aussi à créer une organisation religieuse annexe à
leur grand Ordre pour construire les ponts nécessaires à leur trafic
: les moines Pontifices (que d'aucuns appelaient Pères ou Frères
Pontistes). Déjà, les moines Pontifices avaient lancé le fameux pont
d'Avignon sous la direction de leur prieur, l'abbé Bénézet (d'où le
nom de pont Saint-Bénézet) comme aussi le pont de Bompas sur la
Durance. Après le pont Saint-Nicolas, ces mêmes moines allèrent
édifier le pont de Pont-Saint-Esprit. Cet ordre constructeur
comptait dans ses rangs des ingénieurs, des experts en carrières,
des géologues, des architectes... Ils formaient une admirable équipe
de bâtisseurs. Hors des travaux, ils portaient une coule blanche
marquée au coeur par deux arches de pont brodées au lin rouge.
L'évêque du pont s'accorda donc avec la Commanderie templière de
Saint-Maximin-lez-Uzès pour obtenir que viennent les moines
Pontifices. Le prieuré de Saint-Nicolas de Campagnac les hébergerait
pendant les travaux, abritant leurs prières et psaumes d'après
labeur. Les travaux commencèrent en l'an 1245. Ils ne s'achevèrent
qu'en 1260. Il fallut quinze ans pour mener l'œuvre à terme. Mais le
pont reste inébranlable depuis plus de sept cents ans. C'est
pourquoi, une fois le pont construit, ce furent les Templiers qui
perçurent les péages. Le roi Philippe-le-Bel s'empara plus tard de
cette source de profits.
Terminé en 1260, le pont reçut
aussitôt un péager qui se tint dans un petit réduit voûté « la crote
» ouvert dans le massif même de la première pile, côté prieuré. (A
l'examen attentif, on peut encore discerner les pierres légèrement
différentes qui bouchèrent bien plus tard l'entrée de la « crote »).
Même les pélerins devaient payer leur passage aux Templiers : une « pitte », ultime petite monnaie de cuivre représentant la moitié
d'une obole, le quart d'un denier. Interrogé sous la foi du serment
en 1295, le péager Jean de Deaux déclara qu'en 1293 et 1294, le
péage avait rapporté vingt livres-tournois l'an. Toutefois, en 1261,
un probe juge-mage d'Uzès « Guillaume de Saint-Laurent » avait
équitablement décidé que les habitants de Blauzac, Vic et Campagnac
seraient exemptés du péage, étant tenu compte des quinze ans de
travaux qu'ils avaient consacrés au pont. Le prieuré et son pont
devinrent célèbres. Dans les processions et à la cathédrale d'Uzès,
les moines Augustins de Saint-Nicolas de Campagnac venaient en rang
d'honneur, immédiatement après le Chapitre de la cathédrale. Dans
les deux siècles qui suivirent, les seigneurs d'Uzès et d'autres
baronnies de la région se firent solennellement enterrer sous le
pavement du sanctuaire du prieuré. On ignore par contre quand furent
construits les deux moulins à blé montés sur barrage en aval du pont
et qui appartenaient au prieuré. On peut logiquement penser qu'ils
furent bâtis pendant l'édification du pont, pour nourrir les gens
qui y travaillèrent. On sait seulement qu'une énorme crue du Gardon
les balaya en 1533.
Fermement unis au cours des Guerres
de Religion, les villes huguenotes de Nîmes et d'Uzès comprirent
très vite qu'il fallait préserver leur liaison en contrôlant le pont
Saint-Nicolas. Le prieuré avait été ravagé par des Religionnaires
excités en 1560. Certains murs avaient été abattus et en conséquence
la voûte de la chapelle s'était effondrée. Mais la tour de veille et
les écuries restaient intactes. Les deux villes y installèrent une
commune garnison, tantôt commandée par un Uzétien, tantôt par un
Nîmois. Les attaques par surprise, les assauts furent nombreux. En
1583, par trahison, le capitaine Guisard Ferrières s'empara de la
tour et coupa la circulation sur le pont. Deux mois plus tard, un
assaut des Nîmois et Uzétiens mêlés le balaya. Il fut pendu au
créneau de la tour. Le prieuré ne retrouva les moines,« les
chanoines réguliers de Sainte-Geneviève, issus du Chapitre d'Uzès »,
que sous Henri IV. En 1628, Rohan et ses cavaliers protestants
firent un poste de garde de la tour, respectant toutefois les moines
du Prieuré. Lentement, pendant le XVIle siècle, l'abbaye retrouva
ses bâtiments et son église. La guerre camisarde réveilla le vieux
pont. Picard, dit « le Dragon », davantage brigand que
religionnaire, habitait la Bégude de Saint-Nicolas et faisait régner
la terreur sur le pont et sur la route des garrigues jusqu'aux
portes de Nîmes. Quand il fut capturé, roué et pendu en 1703, les
camisards brûlèrent par riposte les villages de Vic et de Campagnac,
mais sans toucher au Prieuré. Les moines y vécurent jusqu'à la
Révolution. Alors, le prieuré fut. décrété « bien national » et
vendu à des particuliers.
Il est constitué
de sept arches, avec une arche centrale et des arches symétriques de part et
d'autre. Sur la rive droite il bute sur un talus abrupt de la garigue alors que
sur la rive gauche la masse minérale est formée d'une église romane du XIII°,
d'un prieuré de la même époque, d'un cellier roman et d'un clocher à tour
carré. Lors des crues de 2002 le parapet fut emporté par le cours d'eau, un
tout nouveau parapet vient d'être mis en place dans le même style tout en
élargissant la route. Ce pont n'est pas classé monument historique cars au
cours des siècles il fut souvent réparé après une crue du Gardon.
derrière on peu voir l'ancien prieure
Saint Nicolas. Ils remonterait au XII° siècle, construits par les Augustins et très utilisés lors des séjours du Pape en Avignon. Ils se trouvent sur la commune de
Sainte Anastasie.
C'est l'occasion de se promener sur ces berges voir l'été dans le lit de la rivière, il se trouve L'été que le débit est au plus faible alors l'eau disparaît en sous sol pour reparaître plus loin vers
COLIAS on pourrait croire que la rivière est à sec, mais il suffit de fortes
pluies sur les Cévennes pour que le gardon déborde. Il est possible de se restaurer au bords du cours d'eau dans une auberges.
Campagnac :
Cette région oubliée reçut une existence administrative en l'an 896
quand le roi d'Arles, Louis l'Aveugle, concéda la terre de
Campagnac à Amélius,
quatorzième évêque d'Uzès. Lequel semble avoir mis la charte du roi
dans son coffre. « Elle existe toujours. » et n'y plus
penser. Un terrain si isolé...Cent ou deux cents ans plus tard, un
autre évêque d'Uzès s'avisa d'utiliser ce lieu perdu pour la
méditation des moines. Il le confia à l'ordre des Augustins qui
possédait déjà l'abbaye Saint-Ferréol aux portes d'Uzès. On ignore
la date de fondation de ce Prieuré de Saint-Nicolas de Campagnac.
Mais il existe un état de Louis VII, roi de France, adressé en 1156
à l'évêque d'Uzès qui cite le Prieuré pour la première fois. De
même, on trouve un écrit de l'abbé Pons, prieur de Saint-Nicolas,
qui est daté de 1188. |