SAINT LAURENT DES ARBRES

Entre Provence et Cévennes, Saint-Laurent-des-Arbres est un village typique du Gard Rhodanien. A l'écart de l'agitation citadine, le village est situé à vingt minutes d'Avignon et à cinq minutes de l'autoroute A 9 (échangeur Roquemaure). Cette situation privilégiée lui permet de conserver son individualité et un rythme de vie à dimension humaine tout en participant aux échanges et à l'activité économique de son temps.

La Tour Ribas : "C'est à faible distance de l'église et du donjon que s'élève le troisième monument militaire de Saint-Laurent-des-Arbres ; la tour dite de Ribas, de plan carré, bien crénelée, sans doute contemporaine de la partie inférieure du donjon. On se demande ce que représentait cette tour isolée, assez proche du château mais cependant autonome.

La Tour Ribas abrite aujourd'hui le syndicat d'initiative de Saint-Laurent-des-Arbres, et est le siège d'expositions artistiques pendant la saison d'été.

L'église fortifiée de Saint Laurent des Arbres : Située jadis dans une enclave de l'ancien diocèse d'Avignon en terre languedocienne. Église romane fortifiée par le Pape Jean XXII qui fut l'évêque Jacques Duèze. L'espace clos déterminé au dessus de la voûte de la vieille église offrait un vaste emplacement propre à abriter la population en cas de danger. Pour soutenir la couverture de cette salle et pour étrésillonner les murs surélevés, les constructeurs dressèrent huit grandes arcades. C'est ce que les spécialistes appellent des "arcs diaphragmes" . Ils constituent une des caractéristiques de l'architecture languedocienne et catalane à l'époque gothique et on les retrouve dans maints édifices, supportant des couvertures en bois sur de vastes espaces. L'entrée de l'Église n'est pas l'entrée d'origine.

 

Le donjon féodal : La tour Jacques d'Euze, traditionnellement datée du XIIème siècle pour son rez-de-chaussée, est ce qui reste du château. Les étages supérieurs furent entièrement rebâtis au début du XIVème siècle par l'évêque d'Avignon. Nous ne possédons aucune information sur le château antérieur, si ce n'est que cet édifice était fièrement dressé au centre du village. (Le château fut démantelé sous Napoléon III)

Le donjon, seul vestige du château qui exista jadis, est bâti sur un plan quadrangulaire avec un premier niveau voûté en berceau de style roman. Les murs à leur base ont une épaisseur de 1,50 mètre. Le rez-de-chaussée était relié au niveau supérieur par un escalier droit. On reconnaît aisément le style gothique des ouvertures en arc brisé des étages supérieurs.
Ce type de construction pouvait servir de résidence et de défense. Ainsi trouvait-on réserves, cachots, salle d'apparat, appartement et étage militaire en partie haute. Au XIVème siècle, les trois étages supérieurs ont été rebâtis. Le couronnement est assuré par des merlons en encorbellement, percés d'archères avec trois tourelles d'angle et une échauguette permettant une très bonne observation des environs. Un chemin de ronde ceinturait la tour. La partie nord a conservé son état d'origine. Des meurtrières en étrier ont été percées au premier niveau, en façades sud, est et nord. L'ouverture des baies, avec remplages et meneaux atteste le côté résidentiel qu'a pu avoir cette tour. Un escalier à vis dessert les différents étages.

Une restauration drastique a été réalisée au XIXème siècle, les murs ayant été consolidés à partir du premier étage. Les planchers ont été reconstruits de 1986 à 1991. La dernière tranche de travaux s'est terminée en 1995.

 

Les remparts : Pour se protéger des invasions, la cité s'entoure d'un rempart, renforcé par un fossé rempli d'eau. Deux portes en autorisent l'accès : La porte Notre Dame, côté Saint Geniès. La porte Sainte Croix regardant vers Lirac.

Les deux portes sont défendues par un mâchicoulis et un ravelin. Plusieurs tours rondes échelonnées à l'intérieur des murs, servent de ligne de défense supplémentaire. Une partie des remparts disparut pendant la Révolution, cependant il en reste d'importants vestiges.

 

"Tout cet ensemble fortifié de Saint-Laurent-des-Arbres, dont l'ampleur et la puissance sont surprenants pour un bourg peu important, constitue un bon sujet d'étude pour les spécialistes de l'architecture militaire. La science de la fortification s'y affirme par maints détails remarquables. Quand on s'attarde à ceux-ci, on ne manque pas de trouver des parentés certaines avec les fortifications que les papes élevèrent à Avignon. J'ai déjà dit qu'il y avait des liens très étroits, au Moyen Age, entre Avignon et Saint-Laurent-des-Arbres, dont l'église et le château appartenaient à l'évêque de la cité papale. Il est hors de doute que le palais des papes et la fameuse enceinte d'Avignon, par leur puissance et leur originalité, par le prestige dont bénéficiait la cité, ont exercé une grande influence dans les régions rhodaniennes."

 

Préhistoire : Les tribus néolithiques aux environs du Vème millénaire avant notre ère s'adonnaient à la domestication des animaux, à l'agriculture, au polissage des roches dures et à la technique de la céramique. Certaines tribus s'établirent sur le plateau voisin, aujourd'hui connu sous le nom de camp de César. La vallée du Rhône fut le carrefour où se rencontrèrent tous les envahisseurs, Ligures, Ibères, Phéniciens, Grecs, Celtes ou Gaulois. Ennemis, ils finirent par vivre ensemble.

Les Sables : A un kilomètre au sud-est de la commune, s'étendant sur trois kilomètres vers Lirac et Pujaut, se trouvent "les Sables", une zone vallonnée et montueuse désignée localement sous ce nom. Le terrain de cette zone est composé presque exclusivement de sable, parsemé de quelques galets. La pousse de pins maritimes ou pins parasols, y est abondante. Il a été découvert dans ces sables des troncs d'arbres fossilisés, des dents de requins, des os de mastodontes, coquilles de fossiles marins, etc. Les géologues affirment que ces sables sont les vestiges d'une ancienne grève dont l'origine remonterait au pliocène. Le premier fémur de mastodonte, trouvé à Saint Laurent des Arbres, avait fait penser qu'il s'agissait d'une partie du squelette d'un éléphant d'Hannibal, mort en cours de route au moment où le général carthaginois s'apprêtait à traverser le Rhône. Les savants ont démontré depuis qu'il n'en était rien. Ce fémur est déposé au Musée Calvet en Avignon.

Arbor : Des vestiges de l'âge de pierre ont été découverts sur le territoire de Saint-Laurent-des-Arbres. Le peuplement semble également avoir été favorisé par l'existence d'une nappe phréatique importante sur le territoire de la commune. Nous savons, par une ancienne charte, qu'au IXème siècle, le village était connu sous le nom de Arbor (l'arbre). Quelques cabanes disposées autour d'un grand arbre constituèrent sans doute le premier groupement humain, succédant aux populations primitives. Le village tira son nom de l'arbre qui en marquait l'emplacement : ainsi, on allait à l'arbre, on venait de l'arbre. Le langage usuel a donc créé les racines de ce toponyme.

 

Histoire antique : A l'époque romaine, le plateau qui sépare Saint Laurent des Arbres de Laudun fut consacré à Jupiter et porte aujourd'hui encore le nom de plateau de Jupiter. Un siècle après Hannibal, Domitien utilisait les éléphants dans ses armées. Ces animaux épouvantèrent les Gaulois et furent pour beaucoup dans les victoires remportées par le proconsul. Le versant du plateau de Jupiter, connu sous le nom de camp Saint-Maurice, a livré quantité de tessons, de poteries, d'amphores, le tuiles romaines, de monnaies, des lampes à huile, un tombeau gallo-romain,etc. On trouve des structures de "villae" dans divers quartiers.

Les Grecs de Marseille, lassés des incursions et des sévices que leur faisaient subir leurs voisins, les Saliens et les Voconces, demandèrent aux Romains, leurs alliés de les secourir. Ces derniers intervinrent à plusieurs reprises, en 143, 125 et 124 avant l'ère commune.
Le proconsul romain Domitius Ahenobarbus acheva la conquête. Il vainquit d'abord les Gaulois sur la Sorgue en 121 avant l'ère chrétienne, puis les Allobroges et les Arvernes, enfin les Ruthènes qui lui abandonnèrent l'Albigeois. Désormais, Arbor, le village de l'arbre, fut inclus dans le pays conquis, la civilisation romaine s'étendit.

 

Histoire Médiévale : La vallée du Rhône a toujours été une zone de grands passages et de confrontations, imposant de solides défenses. Il n'est que de voir le nombre de forteresses encore figées au garde-à-vous sur les deux rives du Rhône. Dans un rayon de 10 kilomètres à vol d'oiseau de Saint-Laurent-des-Arbres, on dénombre trois puissants châteaux : Roquemaure, Lhers et Châteauneuf-du-Pape.

En 919, sous le règne de Louis l'Aveugle, Laudoin et son épouse Eigenracle cèdent à Foulques, évêque d'Avignon un domaine comprenant Lirac, avec son église Saint Pierre, la villa de l'Arbre ainsi que son église Saint-Laurent. Dans cet acte, passé publiquement devant l'église, nous trouvons la première mention de l'église de Saint-Laurent.

Une bulle du pape Adrien IV, datée de d'année 1155, confirme les droits de Geoffroy, évêque d'Avignon et de ses successeurs, et cite parmi les biens temporels de l'évêque la villa de Saint-Laurent-des-Arbres dont les seigneurs étaient des membres de la famille Sabran.

Le 12 avril 1232 Guillaume de Sabran d'Aiguèse et Rostaing de Sabran vendent le château et la villa de Saint-Laurent-des-Arbres à Bertrand, évêque d'Avignon. C'est ainsi que les évêques, qui possédaient déjà depuis 919 l'église deviennent également les propriétaires du château dont ils n'étaient alors que les suzerains.

En 1255 Decanesse, fille de Guillaume de Sabran vend une tour située à Saint-Laurent-des-Arbres et qui pourrait être la tour Ribas.

Jacques d'Euze, évêque d'Avignon de 1310 à 1312, puis pape sous le nom de Jean XXII de 1316 à 1334, fait construire à Saint-Laurent-des-Arbres un château fort surmonté d'un donjon, le tout attenant à l'église, qu'il fait également fortifier. Il en fait surélever les murs, les hissant à 16 m de hauteur, les dotant de meurtrières sur plusieurs niveaux et au sommet, d'un solide crénelage. Pour compléter, il fait créneler également le clocher carré. Une ordonnance prescrit alors aux habitants des villages voisin de se réfugier, avec leurs bestiaux et leurs biens, derrière les murs de Saint-Laurent-des-Arbres en cas de menaces pressantes. L'espace clos déterminé au dessus de la voûte de la vieille église offrait un vaste emplacement propre à abriter la population en cas de danger.

La guerre de Cent ans : Le déferlement des grandes compagnies entraîna l'installation d'une garnison dans la petite ville. En 1360 Avignon dépêcha vingt-cinq hommes pour la défense de la ville, mais deux ans après la garnison ne comptait plus que sept soldats.

En 1383, la ville fut assiégée par une bande de Tuchins (Ils sont généralement représentés comme des paysans révoltés, poussés par la misère, pratiquant un banditisme rural). Ce fut une des dernières actions de ce mouvement. L'année suivante le roi Charles VI leur accorda un pardon général. Mais en contrepartie le Languedoc, déjà exsangue fut frappé d'une amende énorme qui le mit à mal pour de longues années.

 

Hannibal : Le souvenir historique le plus important que la mémoire de l'homme ait conservé dans notre région est celui de la traversée du Rhône par Hannibal en 219-218 avant notre ère. Son armée, forte de cent mille hommes, cavaliers, fantassins, et plus de 37 éléphants était partie d'Espagne, avait traversé les Pyrénées et se préparait à traverser les Alpes pour conquérir Rome. (2ème guerre punique)

D'après les historiens, il semble vraisemblable que l'armée carthaginoise ait traversé le Rhône à l'extrémité du territoire de Saint-Laurent-des-Arbres, entre l'Ardoise et Roquemaure.