SOMMIÈRES

Sommières, bourg médiéval au charme pénétrant qui doit son existence à la construction, au 1er siècle après Jésus-Christ, d’un pont romain
   

Le Pont Romain : Au Ier siècle de notre ère (de l'an 19 à 31), l’empereur Tibère fit construire un pont au pied de l'oppidum de Villevieille de 17 arches et 189 mètres de long pour permettre le passage de la voie romaine venant de Nîmes et se dirigeant vers Toulouse et Lodève. Il reste a ce jour le deuxième plus long viaduc construit en Europe par les Romains. Il faillit être remplacé au début du XX° siècle par un pont métalllique. Seul 7 des 17 arches d'origine sont encore visibles sur le Vidourle, la pierre employée venait de la carrière de Pondres.

   

ÉGLISE             TEMPLE  

Le Château : Dans le Gard un château méconnu du monde savant, dont la légende s'est emparé pour faire une tour wisigothe .Ce château, c'est la citadelle dominant Sommières, tour à tour fief de la plus puissante famille du Languedoc orientale, forteresse royale française, place de sûreté protestante, puis la prison. Le premier château, existant en 1041 puisque Bernard 3 d'Anduze y signe un acte, mais nous ne savons rien d'autre; il devait occupé le point le plus haut, plus haute que la tour actuelle. La dernière tour porte le nom de "tour Bermond" (Construite entre 1160 et 1180, l'accès au sommet se fait par un escalier à vis de 74 marches. Du guén le panorama est splendide). Ce type de château, très probablement a deux donjons correspond à un dédoublement du fief entre deux seigneurs et fréquent dans la féodalité méridionale. Des actes conservés dans les archives à Beaucaire disent qu' une reconstruction du château a eu lieu en 1228-29. Les travaux royaux, au regard de l'analyse architecturale, durent se prolonger jusqu'à la première décennie du XVè.siècle, ils ont donné à Sommières son périmètre définitif ils se matérialisent au château par la construction d'une chapelle Saint Sauveur, mais aussi par l'érection du donjon de Montlaur et de deux logis pour le viguier, le tout clos d'une double enceinte de murailles. Le château fut attaqué par les Anglais au cour de la guerre de 100 ans. Plus tard vendu aux enchères sous l'empire le château fut morcelé entre plusieurs propriétés mais le préfet obligea la mairie à acheter la tour subsistance qui sera classée monument historique avec le beffroi en 1912. Le logement du gouvernement s'étendant à l'est, sera utilisé comme école à partir de 1879; puis rasé en 1936.

Chapelle Saint Sauveur : Chapelle très remaniée, elle date du XIII° siècle. Située dans l'enceinte du château. La tradition dir que Saint  Louis lui-même aurait demandé sa construction.

 

Le château de Lantillac :

Petit château du milieu XIXe siècle, sorte de « gentilhommière », juché sur la colline surplombant la ville et les ruines du château médiéval dont la tour Bermond ou Carrée. Deux petites tours rondes, à l'origine couvertes de toitures coniques, encadrent sa façade ;

 

La tour de l'horloge (beffroi) :


Sur sa façade apparaissent en relief les armes de la ville qui évoquent le fleuve, le pont et ses deux tours (celle qui faisait face à l'horloge a disparu en 1715). La cloche a été installée en 1657. Pour l'heure une horloge a été installé en 1891.

 

Rue et porte de la Taillade : Comme son nom l' indique , cette rue à été taillée en partie dans la   falaise pour permettre à la voie romaine de Nîmes à Toulouse et Lodève de passer sur le pont . On remarque les façade caractéristiques et bien conservées de ses boutiques, avec de chaque côté de la porte, leur étal, pour présenter la marchandises. Il ne reste qu'un pilier de la porte: c'était l'une des deux entrées de la ville.

Porte Bourget : Elle a été ouverte en 1608 dans une des tours des remparts de la ville et dans son état actuel en 1752. Sur le fronton de la porte on voit encore la trace des armes de la ville sculptés qui furent grattées pendant la Révolution. Les battants en bois sont assez bien conservés . Avant son ouverture ,seule au nord existait la porte  des Frère Mineurs, au bas de la colline de la Cousterelle permettant un accès direct au château.

Les rues  basses et porte Narbonne : Ouverte en 1752 dans les remparts, elle porte ce nom en souvenir du dernier gouverneur de la ville, le vicomte Narbonne-Pelet. C'est par cette porte qu'on pénètre dans les rues basses.

Place du marché : Elle est assez atypique des arcades de style Roman surélèvent les maisons en cas de crue. Le sol actuel est trois mètres au dessus du niveau primitif. même si nous sommes là en plein lit du Vidourle, cela n'empêche pas la ville d'y organiser des marchés depuis 800 ans !

Rue de la Monnaie : Elle est une petite carrièro qui fut de grande importance. Après le rattachement de Sommières au domaine royale en 1248, la monnaie y fut frappée. En 1340, l'atelier monétaire se déplaça à Montpellier.

Rue Caudas avec Pontilh : La chaussée de la rue Caudas est assez rectiligne. Ce quartier tout entier a été construit selon un plan en damier, comme à Aigues-Mortes. Cette technique a été rapportée d'Orient par les croisés. Sinon, "Caudas" vient de l'occitan "Caud", chaud.C'était la rue des maisons closes et des buvettes...

 

LE BLASON :

Même si la forme du pont romain est mal représentée, l'ouvrage tient une place centrale dans le blason de Sommières. Il est flanqué de deux tours qui existaient a l'origine et, si la tour de l'Horloge, à gauche, subsiste, celle de droite, qui menaçait ruine, fut abattue en 1715.

HISTOIRE : 

Je suis Sommières, une très vielle dame et je vais vous raconter ma vie. Tout a commencé il y a bien longtemps, plus de mille ans avant notre ère. Mon fleuve modeste, partant des Cévennes et venant se jeter dans la méditerranée constitue alors une barrière sérieuse pour les humains. Ma population est clairsemée. Quelques tribus énigmatiques près de l'eau, avec des habitats précaires de branchage et de torchis. C'est alors le néolithique. Un peu plus tard, vers 2300 avant J.C apparaît le cuivre. Alors que l'alphabet existe dans de très lointaines contrées. Mes habitants sont à la fois fascinés et effrayés par la mer et rêvent de rivages au-delà de cette étendue bleue. 

Vers moins 1800 le bronze apparaît et on peut ainsi faire des armes et des outils, cultiver la terre, faire la guerre et fabriquer des bijoux. En moins 1200, la charrue apparaît et ma plaine commence peu à peu à être grignotée par la culture. Quant à vous, vous faites maintenant incinérer les morts. Au premier siècle avant J.C les tribus gauloises grimpent sur mes collines pour voir venir l'ennemi et se protéger. Ainsi est construit l'oppidum de Meyre. Au  premier siècle, vers l'an 19 on commence mon fameux pont qui est fini en 31. Il est superbe avec ses 17 arches, toutes à plein   cintre et deux tours de gardes à ses extrémités. Après le pont du Gard, c'est le plus beau de la Gaule Narbonnaise. Ma ville se construit donc sous Meyre qui donnera Someire puis mon doux prénom Sommières. Ma carrière de Monvalat a fourni, en partie, la pierre tendre des arènes de Nîmes et celles qui me construiront.

En 720 les musulmans s'emparent de moi. Après la défaite de Poitiers ils fortifient leurs garnisons chez moi. ils créent des moulins à eau sur le Vidourle. Vers 752, Ansemund, un goth de Nîmes fait appel aux francs pour chasser mes occupants, les arabes qui partent en 759.Vers 1024, j'ai vu les Wisigoths construirent à flanc de rochers, sous Midrium, trois tours qui surplombent et protègent mon pont romains. Le roi du nord n'a pas pu investir la région et y imposer le français. Je suis devenue une place forte considérable. C'est une nécessité en cette période anarchique ou les vassaux se rebellent souvent contre leurs tuteurs."Pons", voyant avec inquiétude mon ressort rase une de mes tours ; mais il me construit deux monastères et un hospital . Je deviens Cathare vers 1200 mais peu à peu ils se font brûler.

Les origines réelles de la ville sont étroitement liées à celle de la maison des Bermond d’Anduze et de Sauve. Sommières apparaît, en effet, dans notre histoire méridionale sur son emplacement actuel, au X siècle, avec comme seigneur Bernard III d’Anduze. En 1041, un acte fut rédigé et signé par lui  dans son château de Sommières. Ce château fut construit sur l’éperon rocheux dominant l’ancienne voie romaine et le Vidourle, probablement vers la fin du Xe siècle ou tout au début du XIe. De cet ensemble souvent modifié subsistent une majestueuse tour carrée et une importante partie des remparts.

En 1248, les tanneries se multiplient et un quartier se créé au-delà du pont de façon anarchique. Les maisons et rues se construisent de plus en plus. Idée malencontreuse! On va me construire des maisons sous et sur le pont romain, lequel est réduit à 7 arches. Toutefois craignant les crues dont il était coutumier, les habitants construisirent leurs maisons sur les arcades de style roman ; c’est cette architecture qui caractérise la partie basse de la ville ainsi que les rues perpendiculaires formant un quadrillage parfait. Le Vidourle, mon ami, est étranglé et va piquer de terribles colères connues sous le nom de "Vidourlades", le roi Louis 9 fait fortifier mon château et ma tour; La ville compte plus de 200 puits et 3200 habitants avec une foire qui dure trois jours sur la place "Souveraine", aujourd'hui place Jean Jaures.  

De 1017 à 1500 je connais beaucoup de malheurs comme les épidémies de peste, guerres et les tuchins; je suis même vendue, pour peu de temps aux Italiens. Puis les Anglais m'assiègent et me prennent, je deviens donc Anglaise. Après que les Anglais aient été chassés, je suis ravagé par 649 feux et par la peste. En 1418, j'embrasse le parti Bourguignon mais je suis mise en siège par Charles 7 avant de capituler en 1422. Après avoir été achetée, revendue et enfin reprise. Je suis maintenant domaine royal et nous sommes en 1772. Après avoir été une nouvelle fois ravagée par la famine et la peste on m'accorde le droit à un marché hebdomadaire. Je deviens très connue pour mes laines et draps qui deviennent un vrai "label" Sommiérois. Les moulins se multiplient dans les collines et sur le Vidourle. 

Au XVIe siècle, la majorité de la population embrassa la religion protestante. La ville vécut alors le drame des guerres de religions. Deux fois assiégée par le Maréchal de Damville, futur Duc de Montmorency, en 1573 (au nom des catholiques), en 1575 ( au nom des protestants), elle fut pratiquement détruite : "seules 38 maisons fort pauvres restaient debout". Au siècle suivant des troubles subsistaient encore et c’est Louis XIII en personne qui en 1622, à la tête de son armée vint mettre le siége devant Sommières. La ville se rendit après une courte défense. Une  estampe retraçant ce siége se trouve à la bibliothèque nationale de Paris. Le Duc de Rohan, reconnu pour chef des églises réformées de la province, s’empara de la ville en juillet 1625, mais en fut chassé aussitôt par les troupes de M. de Valençay, gouverneur de Montpellier. Le dernier fait d’armes connu remonte à 1703. Jean Cavalier, un des chefs Camisards, à la tête de 800 hommes, fit une incursion dans le faubourg de Sommières, puis se retira sans pouvoir y entrer. Après la révocation de l’Édit de Nantes, le château fut transformé en prison et on y enferma tour à tour des protestants, des soldats prisonniers, marins anglais et hollandais, des détenus politiques, des forçats et même des "filles de joie". 

Après la tourmente révolutionnaire, le château fut laissé à l’abandon. Ses ruines témoignent de son importance stratégique au cours des siècles passés. La tour, patrimoine communal, a été récemment restaurée et peut être visitée.

De 1853 à 1900, je suis célèbre jusque dans les capitales étrangères ou j'ai installé des comptoirs de ventes : la distillation des essences aromatiques. La terre de Sommières conquiert le marché mondial.

En 1901, je change d'aspect avec la construction des quais actuels. Au début du vingtième siècles, les mésaventures de l'année 1907 s'étant estompées, commence une ère de prospérité pour tous ceux qui vivent du vignoble. Et me voilà, moi Sommières, je construit des barrages qui réduisent les risques de "Vidourlades". Mon pont romain permet toujours de franchir les rives du fleuve. Mais, le trafic étant trop intense, on m'a construit un pont pour une déviation : Bref, comme vous le voyez j'ai beaucoup vécue. Je vis maintenant du tourisme, de quelques industries et je possède toujours mon marché et mes foires.

L'HISTOIRE DU PONT :

Gros, robuste et grand, Tibère n'adressait que de très rares paroles, y compris à ceux qui l'entouraient. " C’est ainsi que Suétone décrit celui qui régna sur l'Empire romain au Ier siècle après J.-C. Pourtant, ce jour-là, depuis la capitale impériale, sa décision va changer le destin d'une partie du Gard. 'Je veux que Rome franchisse le Vidourle!", aurait-il pu commander. À mille kilomètres de là, en douze ans - de l'an 19 à 31-, le pont de Sommières sort de terre. Intimement lié à l'histoire locale, le pont romain donne une valeur stratégique à un bourg peu fréquenté. Pour le meilleur et pour le pire, pont et village franchissent ensemble les siècles.

"Le pont, avant même d'être un ouvrage fondateur pour Sommières, est un symbole de monumentalité. Aujourd'hui encore, il marque le génie romain en matière de construction". Quelques chiffres aident à comprendre à quel point l'édifice était monumental pour l'époque. Les dimensions, tout d'abord : environ 190 mètres de long et près de 7 mètres de large - soit deux voies pour permettre le croisement des chars. Dix-sept arches composent le pont, toutes en plein cintre, même si seulement sept de ces arches sont visibles, les autres étant masquées par la ville médiévale. Complexe, l'ouvrage n'est horizontal que sur les treize arches centrales, car les deux dernières arches de chaque côté fonctionnent comme des rampes d'accès. Chaque pile du pont fait quasiment trois mètres d'épaisseur. Et chaque pierre a été posée à sec, sans mortier, l'ensemble ne tenant que grâce à la masse des blocs employés. En un mot : le pont Tibère, c'est le deuxième plus long viaduc construit eu Europe par les Romains.

Sommières bâti mille ans après le pont "C'est pour surveiller le pont romain qui avait survécu à l'effondrement de l'Empire, et qui offrait ainsi un unique passage vers la région des Causses, que le château fort a été construit, sur la colline dominant à la fois l'ancienne voie romaine, la vallée et le pont. La valeur stratégique de cet emplacement ne fait aucun doute et elle justifie cette construction", écrit l'érudit local Ivan Gaussen. Conclusion : sans pont romain, pas de Sommières, car pas de château. C'est bien autour du site seigneurial que la population s'est originellement groupée pour avoir une protection en cas d'attaque. Mais, très vite, entre le XIe et le XIIe siècle, l'activité se redirige vers le pont. Le sens du vieil édifice qui enjambe le Vidourle s'en trouve changé : la marque de l'autorité politique se déplace vers la tour Bermond et la référence aux libertés communales gravite, désormais, vers le pont. En témoigne la maison des consuls - ancêtre de nos mairies - construite sur les arches du pont Ou encore la rue Marx-Dormoy - ex-rue du Pont - qui occupe la moitié de l'ouvrage, et qui est connue comme le plus ancien axe commerçant de Sommières. Sans oublier, à proximité du monument antique et à distance du seigneur local, l'établissement de nouveaux artisans : par exemple, la rue Mazelle - de l'occitan masèl , "boucherie" - où les habitants, imitant à leur manière les arches du pont ont bâti des porttilhs, ces raccords étroits servant de contrefort aux maisons et facilitant l'écoulement des eaux en cas de "vidourlade".

De l'Antiquité au Moyen Âge en passant par notre époque, le pont n'en finit pas d'en voir. Aux temps des guerres de Religion, le vénérable ouvrage sert de lieu de combat : qui contrôle le pont tient Sommières. Au XVIIIe siècle, l'esprit des Lumières, fait d'admiration pour Rome et de dédain pour la période médiévale, contribue à dégager l'édifice. La petite tour de la Gleizette - située au milieu du pont ! - est rasée. La même année, en 1715, la tour qui fait face au beffroi connut pareil sort : elle ne reste que sur le blason local. Une restauration à marche forcée eut aussi lieu : de nombreux blocs et surtout l'arche qui part de la rive droite furent entièrement remplacés. Quelques années plus tard, les révolutionnaires plantèrent leur "arbre de la Liberté"... au pied du pont. Mais l'épisode le plus incroyable, c'est 1908 : l'adjoint au maire proposa de démolir le pont romain pour le remplacer par un pont métallique ! Heureusement le bon sens l'emporta sur la folie du "tout-moderne". Tibère a encore le dernier mot, lui qui ne parle pas beaucoup.