ROUSSON

 

La commune de Rousson se situe à environ 10 km au nord-est d'Alès, au pied de la butte calcaire du castellas. Ce site domine la rivière Avène, affluent du gardon, et porte les ruines d'un château médiéval, vieux pan de muraille rappelant d'anciens remparts. Cet ancien château gardait la région contre les invasions barbaresques au Moyen-âge. Il avait été détruit sur ordre du roi de France au XIII°  siècle parce que les Seigneurs de Rousson avaient soutenu Raymond de Toulouse et les Albigeois. Bien avant la période du Moyen Age, le pic du Castelas avait été occupé par les populations préhistoriques qui bénéficiaient d'un point de surveillance idéal sur un large panorama. L'abrupte montagne, abondante en "ruscus" deviendra Rousson "la montagne du petit houx". Mais le nom de Rousson pourrait aussi provenir de la couleur rougeâtre de certaines roches du terroir, riches en oxyde de fer. Rousson, riche de son passé où courent de belles légendes se veut proche de la réalité d'aujourd'hui, au service de ses 3 183 habitants sur lesquels veille encore le Castellas.

 

Le château de Trouillas : Cette habitation grandiose et sévère, blottie dans une forêt de pins et de chênes verts, flanquée de quatre énormes tours avec une cour intérieure, de longs corridors et des salles immenses fut construite entre 1600 et 1615 par le Seigneur Jacques d'Agulhac de Beaumefort. Il fut attaqué par les Huguenots lors de l'épisode des guerres de religion en Cévennes, abrita pour une nuit le Cardinal de Richelieu et le roi Louis XII venus signer la Paix d'Alès en 1629 et résista aux troupes révolutionnaires en 1792. De la vaste terrasse du parc, on a vue sur le hameau de Trouillas, sur le pic du Castelas, éternel protecteur et sur la plaine bordée au loin par la ligne boisée du Mont Bouquet.

 

L'Église St Martin : Premier maillon d'une remise en valeur culturelle du site du plateau de Rousson, sur le versant sud du Castellas, l'église Saint Martin de style roman date du XIIème siècle. Elle est de plan classique en croix latine avec abside flanquée de deux absidioles semi-circulaires. Elle abrite ponctuellement des expositions et devient haut lieu de visite lors des Journées Portes Ouvertes des monuments historiques, à la mi-septembre.

 

Musée Préhistorama :"Origine et évolution de l'homme" Scènes et paysages reconstituées grandeur nature racontant notre histoire comme êtres vivants sur la terre depuis 4 millions d'années

 

HISTOIRE :

A l'époque de la construction du château actuel, la région subissait des troubles consécutifs aux guerres de religion entre catholiques et protestants. Le château de Rousson était une place forte catholique qui dépendait de l'évêché d'Uzès. Très peu de temps après sa construction il subissait l'attaque des troupes protestantes conduites par le Duc de Rohan qui s'emparaient du château et y installaient une garnison. Pendant cette occupation, Jacques d'Agulhac se réfugiait au château de Portes. Le marquis de Portes était le grand père de sa femme. Les dommages causés par les troupes protestantes dans le pays firent l'objet d'une demande d'indemnisation présentée par les habitants. En réponse, le roi Louis XIII accorda aux habitants de Rousson un droit de représailles par un acte dont l'original est exposé dans la tour sud. Le vendredi 8 juin 1629, le cardinal de Richelieu, accompagna le roi Louis XIII pour signer la Paix d'Alès qui mettait fin aux premiers épisodes des guerres de religion. Il logea au château et il coucha dans la grande chambre appelée depuis "La Cardinale".

Jacques d'Agulhac mourut en 1628 au château de Portes. Il avait été Bailli et Gouverneur du Comté d'Alès. Il avait représenté le Connétable de Montmorency (son oncle par alliance) aux États du Languedoc dont le siège était alors situé dans l'ancien Hôtel de Ville d'Alès. Son fils lui succédera et après lui ses descendants. Jusqu'à la Révolution ils joueront un rôle important dans le pays, administrant la région, rendant la justice, percevant les impôts…

La dernière descendante directe de la famille d'Agulhac fut Blanche de Lédenon. On raconte que son fantôme hante encore parfois le château. Elle avait été déshéritée par son père et enfermée successivement dans de nombreux couvents pour l'empêcher d'épouser l'homme qu'elle aimait. Avec une énergie qui força l'admiration de ses contemporains, elle tint tête à l'autorité paternelle. Après d'interminables procès et une vie épuisante de conflit, elle finit par gagner son ultime procès et put épouser le bel officier qu'elle aimait : le capitaine François de Vedel. Mais sa santé avait été ébranlée par ses longs séjours dans les cellules ou les cachots et elle ne put profiter de Rousson que pendant trois ans, avec son mari. Elle mourut en 1785, quelques années avant la Révolution, laissant dans la mémoire du pays la trace de ce que l'ancien régime pouvait avoir de cruel à l'égard des femmes. C'est sans doute ce qui donna corps à la légende dans laquelle on raconte que son fantôme, "la Dame Blanche" vient hanter la tour du nord.

N'ayant pas eu d'enfant, le château devint la propriété de son mari. Celui-ci se remaria et mourut très peu de temps après. Il est amusant de noter que sa seconde femme épousa en seconde noce un officier du nom de Duclaux de Farelle, famille alliée aux d'Agulhac, et qu'il eut comme officier d'ordonnance, au début des guerres de l'Empire, un certain Bernadotte qui devint maréchal de France puis roi de Suède. De son trône de Suède, il continua à commander ses bas de soie dans notre région réputée pour la qualité des soies de ses magnaneries.

De successions en successions, le château est aujourd'hui la propriété des descendants de la famille de Bary qui l'ouvrent à la visite pendant l'été. Ainsi, cette demeure a été, depuis son origine, occupée par une descendance familiale ce qui lui donne un caractère authentique et une histoire dans la continuité.