LAUDUN

La commune Laudun-l'Ardoise, étagée contre la colline Sainte-Foy, au confluent de la Cèze et du Rhône, surplombe la vallée de la Tave et le vaste domaine viticole des Côtes du Rhône.
L'histoire du village de Laudun commence probablement après l'abandon de l'oppidum à la fin du VIe siècle après J.C. 

  

 

Oppidum Camp de César : L'agglomération protohistorique et romaine dite " Camp-de-César ", d'une superficie de 18 hectares, est implantée en bordure orientale du vaste plateau de Lacau. Ce site, éminemment stratégique, installé au confluent des vallées de la Cèze et la Tave, commandait l'accès aux voies s'avançant en direction des Cévennes et de la haute vallée du Rhône. Il était également entouré par deux grands axes routiers romains : la voie domitienne reliant l'Italie à l'Espagne et traversant tout le sud de la gaule, et la voie des Helviens reliant Nîmes à Alba-la-Romaine. Le Camp-de-César fut occupé pendant plus de 1000 ans et il raconte l'histoire des anciennes communautés méditerranéennes.

Le Camp-de-César est avant tout lié au Rhône, ce grand axe de communication. Dès sa fondation à l'époque gauloise, l'oppidum entretint des relations privilégiées avec le monde méditerranéen et notamment Marseille, comme en témoignent les nombreux vases d'inspiration grecque retrouvés sur place. Le cours de la Tave dans la plaine a été occupé et exploité de manière intensive à l'époque romaine. Les villae y sont nombreuses et indiquent une gestion organisée des terres avec la culture notamment des céréales et de la vigne. Le Camp-de-César eut, à n'en pas douter, la maîtrise d'un vaste territoire, à la fois politique, économique et vivrier lui assurant sa survie et son épanouissement durant de nombreux siècles.

Il surplombe au nord le village actuel de Laudun-L'Ardoise et fait l'objet de fouilles régulières depuis 1990, menées par le service du patrimoine de la ville en collaboration avec le Ministère de la Culture.

Age de Fer :   Les témoignages archéologiques les plus anciens actuellement attestés sur le Camp-de-César datent du Ve siècle av. J.-C. C'est l'époque où une agglomération primitive se met en place sur le plateau. Cette première donnée purement chronologique est intéressante car elle se retrouve sur la plupart des sites de hauteur de la région qui sont crées à cette époque où sont donc implantés les oppida du Premier Age du Fer. Les découvertes effectuées ont mis à jour un système défensif développé et les traces d'une agglomération. Le rempart primitif défend l'oppidum à l'ouest, les autres côtés étant défendus naturellement par des falaises abruptes. Cette enceinte est composée de quatre courtines rectilignes qui forment une figure géométrique aux angles ouverts, délimitant un vaste espace de plus de 12 hectares. Dès sa fondation, l'oppidum est une importante agglomération. Cette première communauté paysanne abritée derrière ses murs se développe et entretient tout au long de ce siècle des rapports commerciaux privilégiés avec Marseille, comme l'attestent les nombreux vases retrouvés provenant de la colonie phocéenne. Un vide archéologique subsiste durant une grande partie du deuxième Age du Fer (entre le IVe et le IIe siècle avant J.-C.).

Période Romaine :  A la fin du IIe siècle avant J.-C., au lendemain de la conquête romaine du sud de la Gaule qui devient la Provincia Transalpina, le Camp-de-César est réoccupé de manière intensive et prend alors un nouvel essor. Une enceinte, dotée de deux portes, est alors édifiée en avant de la précédente. Ce rempart "cyclopéen", typique de l'architecture défensive gauloise du Midi de la Gaule, long de plus de 300m, d'une largeur moyenne de 4m et qui devait atteindre une hauteur de moins 4m, marque un agrandissement d'environ 5 hectares de la ville. Ce rempart, à la lisibilité exceptionnelle, constitue un témoignage rare de l'architecture gauloise du sud de la gaule qui intéresse au premier plan les spécialistes de cette époque. Ce renforcement du système défensif de l'oppidum concorde avec les troubles importants qui enflammèrent la région à cette époque : invasions nordiques (Cimbres, teutons et Ambrons), puis soulèvement de la confédération des Volques Arécomiques contre l'autorité romaine. Un peu avant le changement d'ère, l'achèvement de la romanisation de l'oppidum entraîne de profondes modifications dans l'urbanisation. Pour la première fois, apparaît sur le Camp-de-César une architecture en dur liée au mortier à la chaux permettant la construction de nouveaux bâtiments publics. Ce changement fondamental dans le mode de maçonnerie est évidemment significatif d'une ouverture et d'une reconnaissance des techniques romaines du bâtiment.

Le Haut Empire : A partir du début du premier siècle après J.-C., la trame urbaine est à nouveau entièrement repensée. Une nouvelle organisation spatiale se met en place autour d'un rempart édifié sous l'empereur Auguste. Le Camp-de-César fait, une fois de plus, l'objet d'une attention politique particulière. Il semble être alors à son apogée et devient une capitale politique et économique. Les vestiges découverts du centre monumentale Forum-Basilique l'attestent. L'agglomération romaine qui s'installa et se développa devait s'étendre sur une surface d'environ 18 hectares et contenir une population de 2000 à 3000 personnes. Un quartier d'habitations installé contre le rempart romain et en arrière de la porte charretière a été découvert. Plusieurs maisons semblent d'abord avoir été construites au Ie siècle après J.-C. le long d'une rue. Il s'agit de bâtisses possédant deux ou trois pièces au sol de terre battue et réparties autour d'une petite cour. Une d'entre elles renferme une salle au pressoir utilisée probablement pour la fabrication de l'huile d'olive recueillie dans une petite cuve voisine. C'est à la même époque que sont installées des boutiques autour du forum transformé en "place du marché". De nombreuses tombes ont été découvertes à proximité de l'oppidum qui marquent les premiers rites chrétiens de la vallée du Rhône.

        

 

Les remparts : Les blocs sont généralement d'assez grandes dimensions (taille moyenne 50x30 cm) et équarris de façon à donner un aspect régulier aux parements. Ce grand appareil est assez régulier et les lits de pose sont horizontaux. La hauteur maximale actuellement conservée des courtines est de 2.50m tandis que la largeur moyenne en est de 5m.


Les parements, intérieur et extérieur, présentent des gros blocs de calcaire retenant un comblement de pierres semblant avoir été jetés en vrac. Un drain est visible rentrant dans le rempart destiné à assainir un quartier d'habitation.

Les tours : Cinq tours ont été repérés, plaquées contre le parement extérieur de l'enceinte. Il s'agit d'ouvrages quadrangulaires et pleins qui rythment et viennent renforcer la fortification. Ce type de contrefort est le seul à être employé en Languedoc oriental jusqu'à la fin du IVe siècle.

L'agglomération : Nous connaissons peu de choses pour l'instant de l'organisation interne du village du Ve siècle av. J.-C. Seul le sondage qui a permis l'étude et la datation de l'enceinte, a livré les restes d'une cellule du Ve adossée contre le rempart. Cette pièce n'a été fouillée que partiellement mais il s'agit probablement des restes d'une unité domestique. D'autres petits sondages situés aux alentours ont également livré des niveaux en place de la même période mais qui ne contenaient aucune structure. Il est difficile pour l'instant d'apprécier l'étendue exacte de l'agglomération gauloise et encore plus son organisation interne. Il semble que l'habitat soit installé directement contre le rempart, ce qui est fréquent dans les agglomérations protohistoriques.

L'enceinte : Un nouveau rempart sas grande valeur défensive, est construit directement sur le rocher calcaire. Parée de tours et de portes, cette enceinte délimite le quartier haut de l'agglomération romaine. Son élévation et son état de conservation sont encore exceptionnels.

La tour ronde : Ce rempart est accompagné d'une tour de prestige aux dimensions exceptionnelles (diamètre de 9m. et hauteur de 8m.). C'est le monument le mieux conservé de la ville romaine. Cette tour installée en position dominante fut, comme le rempart, plus un monument de prestige qu'un ouvrage militaire.

Les portes : Deux passages permettaient d'accéder à la ville haute depuis le rempart vers le forum, la basilique, les quartiers artisanaux et les diverses habitations. La première est une petite porte piétonne qui a été voûtée à l'origine. Le second passage, plus important, était destiné aux charrettes. Cet espace aux dimensions importantes a conservé l'ensemble de son système de fermeture, un chasse-roue, un trottoir pour les piétons et un collecteur d'eau qui traverse la porte en longueur.


Le forum : Sur le Camp-de-César, le forum a été entièrement dégagé. La place publique, située en position dominante, possède un plan quasiment carré et occupe une superficie de 640m2. Une galerie couverte (portique) soutenue par une colonnade est aménagée sur trois côtés. Le forum semble avoir été utilisé durant plusieurs siècles avant d'être transformé en place de "marché" durant l'Antiquité tardive (VIe siècle après J.-C.).

La Basilique : Le forum est limité sur le côté Nord par une basilique, édifice civil. Ce monument servit de salle de réunion et abrita le tribunal. La basilique du Camp-de-César a fait l'objet d'une restauration qui permet aux visiteurs d'admirer le seul édifice de ce type actuellement visible en Languedoc-Roussillon. L'édifice, construit en même temps que le forum présente un plan rectangulaire d'une superficie de 430m2. Une série de seize puissants piliers de 1 mètre de côté délimite la nef centrale. Ces piliers, aujourd'hui restitués à l'aide de blocs monolithes, étaient destinés à recevoir les colonnes supportant la charpente de la toiture. Le monument était en effet à l'origine entièrement recouvert de tuiles. Comme le forum, la basilique fut démantelée au cours du Bas-Empire romain pour laisser la place au VIe siècle à un secteur artisanal et commercial.

 

Chapelle Saint-Jean de Todon: Cette ancienne chapelle rurale du prieuré de Saint-Jean de Todon (alias Saint-Jean de Rouzigue) se trouve à l'extrémité nord du Camp de César.     

       

 

 

EXPOSITION : En ligne directe avec les recherches entreprises sur le Camp-de-César, la ville de Laudun-L'Ardoise a créé une exposition permanente présentant des objets découverts sur le site. Ces salles nouvellement aménagées offrent différents travaux réalisés sur le plateau de Lacau à travers des maquettes et une sélection d'objets découverts en cours de fouilles. Ces derniers (céramiques, sculptures, éléments d'architecture, objets du quotidien, sépultures, etc...) sont proposés dans une nouvelle approche thématique de la connaissance de site antique. Chaque année, de nombreux objets rejoignent les collections dans les salles d'exposition.     

 

Chapelle des Pénitents Blancs : Cette chapelle a été bâtie en 1647 afin d'abriter une confrérie de Pénitents Blancs. S'élevant au sud de la colline de Sainte-Foy et surplombant la ville de Laudun-L'Ardoise, elle est construite à côté des vestiges de l'ancien château féodal des seigneurs de Laudun. Son plan simple se compose d'une nef unique à deux travées voûtées sur croisées d'ogives et se terminant par un chevet plat.

 

Château Féodal : Les premiers vestiges du Moyen-âge (Xle-Xlle siècles) se découvrent sur la colline Sainte-Foy où demeurent des pans de murs du château féodal.   Le premier village ceinturé d'un rempart se devine donc encore dans le Jardin Planchon à travers les caves, escaliers, portes et puits. La chapelle Saint-Géniès, dans le cimetière actuel, en était l'église paroissiale.

Aqueduc de Balouvière : Ce monument qui rappelle dans son architecture celle du Pont du Gard, ( surnommé "le petit pont du Gard"), a été construit en 1870 pour l'alimentation du village de Laudun en eau de source. Le captage, situé au nord du Camp-de-César , dans la combe de Roubaud, parvenait jusqu'au village à travers un petit aqueduc souterrain, dont certaines parties sont encore visibles. L'eau passant ensuite sur l'aqueduc de Balouvière aboutissait dans un vaste réservoir situé sur la colline de Sainte-Foy. L'eau alimentait ainsi les fontaines et les abreuvoirs du village. L'aqueduc semble avoir fonctionné jusqu'au milieu du XXe siècle.

 

Église Romane Saint Geniès : Construite entre le Xe et le XIIe siècle, l'ancienne église paroissiale Saint-Geniès a la particularité d'être excentrée du village médiéval, se trouvant au centre du cimetière communal. Au XIVe siècle, l'église gothique Notre-Dame-la-Neuve construite contre les remparts du village, amène l'église Saint-Géniès a être progressivement abandonnée. Des destructions sont engagées aux XVIIIe et XIXe siècles.  Il ne reste aujourd'hui seulement que le croisillon sud du transept de l'édifice.

Chapelle Saint Charles : Élevée en 1839 pour les besoins d'un couvent de religieuses installées à Laudun depuis 1829, la chapelle est un petit édifice attachant présentant un plan simple à nef unique s'achevant par une abside semi-circulaire.

 

Notre Dame la Neuve : Succédant à l'église romane Saint Geniès, cet édifice possède les principales caractéristiques du style gothique méridional, à savoir une nef unique flanquée de trois chapelles latérales se terminant par un chœur plus étroit. La vision du monument présente un aspect massif qui lui confère également un rôle défensif, vis à vis des remparts du bourg médiéval. 

La construction de l'église paroissiale Notre-Dame-La-Neuve fut achevée vers 1352, après quelques années de travaux. La voûte de la nef a été remplacée une première fois par une charpente dans la première moitié du XVIIIe siècle, et finalement en 1965 par une charpente métallique après un violent incendie causé par la foudre. Malgré l'absence de voûtes, le volume du vaisseau central qui se divise en six travées laisse une vaste perspective. 

Le monument s'étage sur trois niveaux. La face sud (niveau inférieur), composée de grandes fenêtres rythmées par de puissants contreforts et dégagée de toute construction, permet d'admirer l'édifice dans son ensemble. La tour-clocher, qui s'appuie à l'angle sud-est de l'église a servi de tour de défense (présence de meurtrières), tout comme le chevet polygonal à l'est qui présente encore sur un des contreforts les traces d'une petite échauguette.

Le grand portail, actuellement entrée unique de l'église, présente une série de voussures retombant sur de fines colonnettes ornées de chapiteaux feuillagés. Le linteau sur la porte d'entrée conserve les traces d'une litre funéraire, peinture placée sur le pourtour de l'église après la mort d'un seigneur. 

 

Château de Lascours : Situé sur la commune de Laudun, le Château de Lascours, dont les origines remontent à la fin du 12e siècle, dresse ses trois hautes tours et ses élégantes façades dans un décor de plaine viticole. Au cours du 15e siècle, lors de l'assèchement progressif des marécages, ce petit pavillon de chasse fut complété par une série de bâtiments et devint le centre d'une exploitation agricole. Possédant plusieurs cours, il reçut le nom de "Lascours" ("Les Cours").

Ce château est dans le Gard, l'unique demeure entourée de douves alimentées en eau vive, et le seul monument dont les fossés n'aient pas été asséchés, car les mille mètres carrés posés sur le sol sont soutenus pas des pieux enfoncés dans l'eau, suivant le principe de l'édification de Venise. Résidence secondaire des Laudun de Montfaucon, puis résidence familiale. En 1559, Guillaume de Panisse, époux de Jeanne de Montfaucon, vendra Lascours à Guillaume de Joyeuse (lieutenant-général de Sa Majesté au pays de Languedoc). Il améliore le système de défense et ajoute une aile à l'Est. Son fils cadet, François, hérite de Lascours. François de Joyeuse est nommé Cardinal, archevêque de Narbonne, président-né des États de Languedoc, et sera même nommé légat en France par le Pape Paul V. Il fait terminer l'aménagement de la grande salle qui deviendra "la Salle des États Généraux". Un petit oratoire est créé. Le château devient une magnifique maison de style "Renaissance Française". Marie de Guise, nièce du Cardinal, héritera de Lascours mais le vendra. En 1792, la municipalité préservera le château déserté qui fut sauvé de la tourmente révolutionnaire. Le château fut récupéré par ses légitimes possesseurs, la famille Jouenne d'Esquigny, qui l'entretint jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale. En 1972, Lascours est restitué au Ministère des Armées qui, en 1979, le fait vendre aux enchères.

Les actuels propriétaires, se sont chargés depuis ce temps de sa restauration, de son entretien et de son animation, pour tâcher de redonner une partie de sa splendeur à ce fleuron du patrimoine du Gard Rhodanien

Château de Bord : Dominant la plaine du sommet d'une petite colline détachée du plateau de Lacau, le château de Bord ne présente plus que quelques traces de ce qui devait être un édifice défensif. En 1211, le roi Philippe Auguste reconnaît les droits de l'évêque d'Uzès sur le château, qui avait dû être construit entre le XIe et le XIIe siècle. Le monument fut en partie détruit par les protestants au cours des guerres de religion.

Moulin de Rainière : Cette importante bâtisse se dresse en bordure de la Tave, en contrebas du bourg de Laudun. Le moulin cité dans un acte de donation en 1363, a certainement appartenu à la seigneurie de Laudun. Il fut probablement un temps le moulin banal du village, alimentant en farine toute la communauté locale. Vendu pour la première fois à un particulier en 1808, il continua à produire de la farine jusque dans les années 1960.