VEZENOBRES

Époque Gallo - Romaine

Nîmes était la capitale qui dominait 24 oppidas, Vézénobres était l'un d'eux.

A cette époque et pendant plusieurs siècles la région fut prospère, notre village en a largement profité. Les nombreuses inscriptions et monnaies romaines trouvées sur le territoire de notre commune, laissent supposer l'implantation d'une villa gallo-romaine au pied du village celtique.

La population autochtone a continué à occuper le village sur la hauteur et s'est progressivement " romanisée ".

La conquête romaine s'était faite sans affrontement important.

Les Volques Arécomiques ont été sous César une tribu alliée , ensuite Nîmes a été promue " Cité " sous Auguste en raison de sa fidélité, les 24 oppidas suivent le sort de Nîmes.

Une pierre gravée provenant d'un temple romain de Nîmes, à La Fontaine, mentionne onze noms, dont certains sont évocateurs : Anduzia (Anduze), Briginn (Brignon), Ucetia (Uzès) et Virinn, qui peut-être attribué à Vézénobres.

Invasions

Au IV ème siècle les invasions barbares (vandales, Wisigoths) firent régner la terreur pendant 250 ans malgré la bataille de Vouillé en 507 ou ils furent repoussés vers l'Espagne par les Francs. Pendant cette période la Gardonnenque est souvent dévastée par les Francs qui occupent l'Uzège, ou par les Wisigoths solidement installés à Nîmes, principalement dans les arènes transformées en forteresse.

Les sarrasins s'imposèrent , pillèrent les campagnes, c'est pour cette raison que Vézénobres à été longtemps surnommé la cité sarrasine.

Le Haut Moyen Age connaît un répit sous le règne de Charlemagne et Louis le Débonnaire. Les ordres religieux sont encouragés par les souverains.

Époque Féodale

Les bénédictins s'implantent dans la région , Vézénobres a son prieuré baptisé Saint André de Vézénobres.

Au Xème siècle la féodalité s'organise. Elle forme une co-seigneurie de plusieurs familles nobles, chacune chargée de la défense d'une porte ou d'une tour de la forteresse, sous la suzeraineté de la maison d'Anduze, très puissante en Languedoc.

Les seigneurs de Vézénobres sont mentionnés une première fois :
    En 1052 Ebraldi de Vézénobres
    En 1077 Thibaud de Vézénobres

Nos chevaliers de Vézénobres servirent dans la Milice des Arènes sous les ordres des vicomtes de Nîmes (famille des Bernard Aton ) jusqu'en 1212 et se nomment : Pons, Bermond, Raymond de Vézénobres, etc...

A la même époque la lignée des Pierre de Vézénobres est connue par divers actes. Pierre de Vézénobres en 1155 seigneur de Saint-Maurice de Cazevieille et son fils en 1186 se firent tour à tour hospitalier de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et offrirent leur seigneurie, en ont pris l'habit et vécurent à Saint Gilles.

Vassal des Rois de France

Suite à la croisade des Albigeois les comtes de Toulouse furent relégués à l'ouest, Raymond VII est obligé de signer en 1229 le traité de Paris.

Les seigneurs d'Anduze et Sauve furent dépouillés de leurs droits et biens.

Vézénobres devint alors vassal direct du Roi de France. L'administration royale et leurs représentants s'abattit sur la population aussi bien noble que roturière et subirent de nombreuses vexations.

Ils se comportaient tous en conquérants avides et sans scrupules. Saint Louis en 1247 ordonna une enquête.

En 1295 Philippe le Bel désireux de s'approprier la Baronnie de Lunel sans descendant direct fait un échange avec les héritiers. Les tractations sont effectuées par Guillaume de Plaisian juge .

Raymond Gaucelin d'Uzès reçoit en échange de son héritage sur Lunel la seigneurie de Vézénobres, Ledignan, Aigremont et La Calmette. L'acte d'échange, fait le jour de la St Denis de l'an 1295,
présente une description remarquable de Vézénobres.

Il revend à Guillaume de Plaisian sa seignerie de Vézénobres qui se rajoute le titre de seigneur de Vézénobres en 1303, il rachète de nombreux domaines. Vézénobres profite de cette prospérité et prend de l'importance.

En 1326, une charte énumérait les droits et les devoirs des habitants de Vézénobres. Les générations se succédèrent jusqu'à la fin du moyen âge ou la peste et la guerre de Cent ans sévissaient.

Claude de Montfaucon achète la baronnie de Vézénobres en 1485.

Renaissance et Temps modernes

Le vieux château médiéval est agrandi et rehaussé dans le style renaissance. Il n'en reste qu'un pan de mur.

La fille de Françoise de Montfaucon épouse Antoine de Fay-Peraut, Gouverneur de Montpellier. Il a la sympathie des habitants de Vézénobres et il soutient la politique d'Henri IV.

Son fils jean de Fay-Peraut, veuf de Jeanne du Chambon en 1622, il épouse Marguerite de la Fare.

Pendant les dernières guerres de religion il s'oppose à Rohan, chef du parti protestant et repousse plusieurs attaques des troupes protestantes. Le 15 juin 1628, Rohan assiègera Vézénobres et pendant un mois détruisit le château et les fortifications.

A la suite du décès de sa fille Isabeau, Madeleine de Fay-Peraut épouse de Calvière sans héritier direct, leurs biens reviennent à Abel Antoine de Calvière.

En 1716, Alphonse de Calvière hérite au moment de son mariage dont il aura trois filles, Françoise Olympe de Boucoiran, épousera son cousin Charles François de Calvière en 1733. Il construisit le château actuel en 1740.

Son fils Charles Joseph eut trois enfants , Jacques Alexis, Charles, Alex Jeanne Marie épousa en 1807 Jacques de Pierre de Bernis. Sans héritier direct, Jacques de Pierre de Bernis en bénéficia a condition qu'il ajoute le nom de "de Calvière" au sien. Depuis cette union, la famille de Bernis-Calvière possède le château de Vézénobres.

 

 

Moyen Age et Renaissance

533 - 580 Construction des premières églises chrétiennes autour d'Uzès.
719Invasion du pays par les sarrasins qui détruisent beaucoup de bourgs, de villages et de monastères.
732Victoire de Charles Martel à Poitiers.
736Charles Martel avec l'aide des habitants, défend Vézénobres contre les Maures.
752fin de l'occupation des Maures.
" La province a été aussi maltraitée par les chrétiens que par les infidèles "
975   La région est rattachée au comte de Toulouse. Les seigneurs qui s'opposent construisent leurs châteaux forts.
1096   La première croisade réunit autour du Comte de Toulouse, chevaliers et habitants de la région, mais aussi les aventuriers, les violents et les vagabonds. Le calme revient dans la région.
L'art roman s'y épanouit , les cours d'amour et les troubadours créent un mode de vie raffiné dans une province qui jouit d'une indépendance et d'une liberté inconnues des provinces du nord. Le pays se développe et s'enrichit.
1209Croisade des Albigeois prêchée par Innocent III contre le Comte de Toulouse et ses sujets.
Simon de Montfort à la tête d'une armée de 200.000 hommes conduite par les barons nordiques," égorge, tue et brûle le Languedoc ".
1214Les seigneurs méridionaux réunis en une ligue sont défaits à Muret. Les Etats de Raymond VI sont adjugés à Montfort.
1218Mort de Simon de Montfort
1229La province est réunie à la couronne de France. Tous les biens ayant appartenu au Comte de Toulouse sont distribués aux églises et aux nobles qui ont participé à la croisade.
L'évêque d'Uzès reçoit certains droits seigneuriaux à Vézénobres.
1247Vézénobres appartient au chapitre de Nîmes.
1271    Philippe le Bel visite la Province . La prospérité y est revenue. La population s'accroît . A Vézénobres, la population imposable est passée en 26 ans de 1295 à 1321, de 340 à 360 feux.
1346    Les Anglais avancent vers le Languedoc après leur victoire de Crécy et leur succès de Guyenne. Sur l'ordre de la sénéchaussée de Beaucaire, les bourgs se fortifient.
1355    Après le traité de Brétigny qui met fin à la guerre, les soldats mercenaires des deux parties inoccupées, non payés, se regroupent en " compagnies "ou en " sociétés de routiers "qui font régner la terreur sur tout le territoire.
1360    Le Comte de Poitiers, fils du Roi Jean, ordonne de fortifier tous les passages et châteaux de la Sénéchaussée et de pourvoir à leur défense. Il est prescrit aux habitants d'entasser leurs effets et toutes les denrées possibles , dans les places fortifiées. A Vézénobres, les deux châteaux forts tout à tour construits et ruinés par les guerres, sont reconsolidés, l'enceinte fortifiée.
1361Les Routiers occupent Pont-Saint-Esprit et menacent la papauté en Avignon.
1362    Les Routiers, commandés par Petit Meschin massacrent la population sous les murs d'Uzès, pillent, incendient et tuent à La Calmette.
1363    Pendant les fêtes de Noël, une des bandes descend la vallée du Gardon et brûle Ners. Bourgs et villages vivent dans de continuelles alarmes. La culture des champs est délaissée . Il y a pénurie de denrées, famine et peste.
1382    Soulèvement du Tuchinat. Révoltés contre l'attitude de certains seigneurs qui pactisent avec l'Anglais, exaspérés par la multiplicité des impôts, en particulier de la gabelle, l'impôt sur le sel, les Tuchins sont soutenus par la population y compris les bourgeois.
En automne 1382, un groupe de Tuchins est pris entre Boucoiran et Vézénobres. D'abord emprisonnés, ils sont ensuite pendus à Vézénobres " à certains amandiers ".
1383    Le 2 juin, les Tuchins réussissent à s'emparer de la tour de Boucoiran et du château de Vézénobres. A Vézénobres, les habitants sont fidèles aux Tuchins d'où leur sobriquet " Li Tuchi de Bénobré ". Les forces du Sénéchal nombreuses et bien armées arrivent devant Vézénobres. Les habitants prennent peur et viennent se soumettre en remettant la clé des portes. Les Tuchins se sauvent . Seize d'entre eux sont cependant pris et immédiatement pendus.
Le 8 mars, le roi amnistie les coupables à condition que les insurgés déposent les armes et regagnent leurs foyers.
1411    Charles VI ordonne de remettre en état châteaux et forteresses en prévision des hostilités qui vont reprendre avec les Anglais.
1429
à
1432  
Les routiers réapparaissent sous les ordres de Rodrigue de Villandrous et du capitaine Valette.
Chaque village fortifié s'oppose à l'exportation de toute denrée et remplit ses propres greniers en prévision d'un siège possible. La pénurie est générale. Les échanges sont complètement paralysés.

La guerre de cent ans prend fin. Le pays panse ses blessures et la peur s'éloigne.
1485   Le Lieutenant Général du Languedoc ordonne un dénombrement complet des fiefs.
Le 25 mai, Guillaume de Montfaucon qui apparaît à Vézénobres en 1447, fait cession à son frère Claude de Montfaucon de la Seigneurie de Vézénobres et d'autres lieux. Claude de Monfaucon est fort bien en cour : capitaine de cent lances de gentilhommes à l'hôtel du Roi, il sera Sénéchal de Carcassonne puis Chambellan de Charles VIII .En 1604 ce sont les Fay Péraut qui hériteront de la fortune.

 

Les Guerres de Religion

 Avec l'apparition de la Réforme, le bas Languedoc et plus particulièrement la Gardonnenque vont connaître une longue série de guerres de religion, guerres intestines, plus terribles encore que les guerres étrangères, qui laisseront dans les esprits et les cœurs des traces si durables que leur souvenir se perpétuera jusqu'aux temps actuels.

La région va être conquise par l'idée de la Réforme dont la forme de démocratie religieuse s'accorde bien avec la fierté des autonomies communales et l'esprit d'indépendance des populations.

1537 Les premiers bûchers s'élèvent à Nîmes
1543A Uzès, les nobles et le clergé avec l'évêque, Monseigneur St Celais et son chapitre, adhère à la croyance nouvelle. Beaucoup de villages se convertissent.
    A Vézénobres, la presque totalité de la population se rallie à la Foi nouvelle.
1552Hérétiques et prédicants sont brûlés dans la Sénéchaussée de Beaucaire
1568L'organisation des paroisses se poursuit sans arrêt. Elles existent déjà depuis un certain temps à Vézénobres.
1590Le calme revient avec l'accession au trône de Henri IV. Il nomme Jean de Fay Péraut, Seigneur de Vézénobres, au poste de Sénéchal de Beaucaire.
159815 janvier. : l'Edit de Nantes reconnaît partiellement la nouvelle religion. L'organisation politique protestante forme à cette époque un véritable état dans l'état qui possède armée et places fortes.
1615La guerre reprend. Henri de Rohan est nommé général en chef des troupes protestantes.
162816 février . Le baron de Fay Péraut du parti catholique, attaque un corps de 600 hommes de pied du parti de Rohan qui vient d'arriver à Vézénobres . Montmoirac, trois de ses officiers et deux cents soldats protestants sont tués.
Rohan, équipé d'un gros canon, revient avec de nouvelles troupes assiéger Vézénobres qu'il occupe le jour même et prend d'assaut le château dès le lendemain. Les fortifications et les châteaux de Vézénobres sont démantelés.
Chassé croisé d'atrocités et de dévastation dans la région
1629Pour en finir avec le pouvoir civil du parti protestant, le Roi lui-même et le cardinal Richelieu viennent dans le midi à la tête d'une armée de 20.000 hommes. Alès tombe le 17 juin. Le 27, Rohan accepte les conditions de paix.
Le 29, le Roi signe à Lédignan " la Paix d'Alais ".
Les villages de la Gardonnenque doivent concourir à la démolition des portes, des forts, des bastions, des murs d'escarpe et assurer le comblement des fossés.
1662Les cardinaux Richelieu et Mazarin sont morts. Louis XIV devient monarque absolu et va tenter de réduire les libertés civiles et religieuses des protestants, par édits, arrêts et ordonnances.
1665Vézénobres compte 600 protestants contre 60 catholiques.
1669Les protestants sont mis en demeure de se convertir s'ils veulent conserver le droit de travailler. L'exode vers l'étranger est massif.
1681Les dragonnades vont réussir en Gardonnenque, là où le roi et l'église n'ont obtenu que de maigres résultats.
2 octobre 1681, les dragons sont à Alès et dans tous les villages environnants. Pour sauver leur vie, les habitants signent en masse leur conversion.
168517 octobre, révocation de l'édit de Nantes qui consacre qu'il n'y a plus ou presque plus de protestants en France.
1686Dès la révocation prononcée, la résistance s'organise. Les nouveaux convertis se réunissent la nuit en assemblées clandestines présidées par les prédicants.
1698Prédicants et fidèles sont poursuivis sans relâche. Beaucoup se rendent dans la principauté d'Orange pour assister au culte qui y est complètement libre.
2 habitants de Vézénobres, Isaac Bernard, cardeur et Jean Poujoulet, fabricant de cierges, sont arrêtés dans leur traversée du Rhône et condamnés le 26 septembre. Le prophétisme se développe dans la région.
1702Le 2 septembre, Jean Cavalier écoutant l'Esprit qui lui enjoint de s'armer, attaque, avec Gédéon Laporte et 17 compagnons, le presbytère de St Just et s'empare des fusils et espèces qui s'y trouvent. En peu de jours, comme une tâche d'huile, l'insurrection gagne en étendue. Coups de main et escarmouches se succèdent . Fin décembre, la troupe de Jean Cavalier tient toute la campagne. Elle est audacieuse et paraît imbattable.
Le 23 décembre, il sort vainqueur du combat du mas de Cauvy.
Le 25 décembre, une nombreuse assemblée réunie dans la prairie de Vézénobres jusqu'à midi choisit à l'unanimité pour chef cet adolescent de 20 ans qui a prouvé au mas de Cauvy, l'excellence de son inspiration.
Les coups de mains se multiplient.
1703Les renforts des troupes royales arrivent en abondance. Jean Cavalier a organisé son armée de gens qui connaissent parfaitement la région. Son quartier général est organisé dans les grottes d'Euzet.
Le 17 mars, il remporte une nouvelle victoire dans les environs de Vézénobres
Le 29 avril, il subit de lourdes pertes à la tour de Billot , le 18 mai à Brueys, il
effectue pourtant pendant l'été de nombreux coups de mains pour prouver qu'il reste bien le maître dans les campagnes. Le 30 novembre, les insurgés sans se gêner aucunement assistent à la foire de Vézénobres.
1704Le 15 mars, la bataille au Devès de Martignargues, tout près de Vézénobres, consacre l'habileté tactique de Cavalier : trois cents soldats du Roi et vingt deux officiers sont tués. Les camisards n'ont que 2 tués et une vingtaine de blessés et le butin est énorme en armes, en bijoux et en or.
Le 29 mars, le Maréchal de Villars est nommé à la tête des troupes royales. Le 15 avril , c'est le combat de Nages. Surpris par 3000 soldats, les insurgés perdent 400 hommes.
Le 1er mai, Lacombe de Vézénobres apporte au maréchal une lettre du chef camisard qui précise les motifs de la révolte : " Liberté d'assemblée et possibilité pour les rebelles déposant les armes de sortir du Royaume ".
Le 12 mai, on convient entre les deux parties d'une rencontre qui aura lieu entre Vézénobres et Saint Hilaire de Brethmas . Une trêve est conclue . Cavalier et sa troupe viennent loger à Vézénobres .
Le 22 mai parvient l'acceptation du Roi. Cavalier rencontre par deux fois Roland, l'autre chef insurgé, l'intransigeant qui refuse de se rendre.
Le 23 juin, Cavalier avec cent camisards part vers l'Alsace pour passer ensuite en Suisse . La révolte est terminée.