VEZENOBRES

Sur un éperon rocheux culminant à 219 mètres de haut, dominant la plaine riche en alluvions,
au confluent de deux rivières,
les Gardons d'Alès et d'Anduze, située sur une voie de passage très fréquentée depuis la plus haute antiquité (voie regordane) la place de Vézénobres va, jusqu'au XVIIème siècle,
jouer un rôle important dans la région.

      EUZET

HISTOIRE :

A l'époque Gallo-romaine la région fut prospère, les nombreuses inscriptions et monnaies trouvées en attestent. Vézénobres était l'un des 24 oppida entourant Nîmes. Pendant deux siècles, l'oppidum est utilisé comme forteresse par les Wisigoths qui occupent la région.

C'est avec l'extraordinaire essor démographique et économique des XI ème et XII ème siècles que la cité va prendre toute son importance.

La ville se bâtit en bandes radioconcentriques s'étageant sur trois niveaux principaux en épousant la pente sud de la falaise, à l'intérieur d'un rempart continu formé au sud par le linéaire des maisons à plusieurs étages, par une muraille (Barry), là où les constructions n'existent pas.

Cinq portes, à pont-levis pour permettre de franchir le fossé extérieur qui longe le rempart, défendues chacune par un corps de garde, ferment les entrées de la ville. La garnison compte plus de 1000 hommes, elle assure contre les droits de péage, de guidage et d'arrière guidage, l'entretien de la route, la protection des marchands et de leurs convois.

Au XIV ème siècle, le système de défense a été complété. Le château Girard (la mairie) consolide les fortifications des remparts Sud avec meurtrières et mâchicoulis. On sait qu'en 1310 trois jours de foire (peut-être déjà la foire aux figues), du 28 au 30 novembre, se tiennent chaque année à la Saint André sur le foirail (champ de foire actuel).

Au XVI ème siècle seigneurs et bourgeois abandonnent les vielles demeures et l'ancienne cité pour s'installer plus bas dans le quartier a la mode autour de l'hôtel de Montfaucon (Dite maison d'Adam et Ève, toujours habitée, dans la rue basse).

Ce sont les guerres de religion, qui séviront de façon très violente dans la région, qui vont au XVII ème siècle annoncer le véritable déclin de la cité médiévale.

En 1628 le Duc de Rohan, chef du parti réformé, fait détruire tout le système défensif de la cité.

L'histoire de Vézénobres rejoint l'histoire de France, le lendemain de Noël 1702 lorsque Jean Cavalier (sa maison existe toujours) est élu à Vézénobres chef des camisards. Il s'illustre dans plusieurs combats glorieux. C'est de là qu'il part pour le pont d'Avesne voisin afin de traiter avec les représentants du Roi-Soleil.

En 1745, le marquis Charles-François de Calviére, lieutenant général des armées sous Louis XV, fait construire à Vézénobres le château de sa famille. Au milieu d'un parc de 17 hectares, le château s'élève dans le style classique de l'époque.

C'est la fin du XIX ème siècle que la cité médiévale va subir les plus rudes assauts de destruction, on va, pour donner sans doute une meilleure accessibilité au centre ancien, élargir certaines rues, en créer de nouvelles, aménager des placettes à l'emplacement des immeubles détruits, supprimer d'anciennes portes d'entrée de la ville.

Depuis 1960, par la volonté de quelques amoureux de Vézénobres le village est classé. De nombreux travaux de restauration ont été entrepris. Nous avons aujourd'hui un cite médiéval remarquablement reconstitué.

DETAILS :

                   

ÉGLISE                              CHAPELLE                          TEMPLE

 LE CHÂTEAU DE THOIRAS XIV°s. :  On pénètre dans l'ancienne cité médiévale au niveau de la placette qui a remplacé la porte Viterne lors de sa démolition en 1860 On emprunte alors le passage voûté au niveau du rez-de-chaussée du château de Thoiras, fortification du XIV°s qui défendait la porte de Viterne commandant le chemin d'Anduze et d'Alèst (Alès). Il fut loué par la communauté et transformé en caserne. Acheté plus tard par la commune, il devint l'Hôtel de Ville et fut détruit en partie pendant les guerres de religion (1628) par le Duc de ROHAN qui abattit tout ce qui pouvait lui opposer de la résistance.

On a pu admirer du parking la façade imposante de ce château dont les défenses en superstructure ont été détruites. On remarquera en passant la cour intérieure, défendue par des meurtrières, des mâchicoulis, une Croix de Malte, les belles salles voûtées qui composent le soubassement du château.

 

LE CHÂTEAU DE MONTANEGRE XII°/XIV°/XVI°s. : A l'opposé de cette entrée, la porte Bourgoule (portal burgol= porte du bourg) au sens de maisons groupées autour d'un château, commandait l'entrée du chemin de Nîmes et d'Uzès.

Cette porte Bourgoule s'appuyait sur les constructions défensives du château de Montanègre (aussi appelé de Fay Péraut) construit au XII°/XIV°-XVI°s . Il n'en reste que le grand pan de mur du corps de bâtiment principal démoli également en 1628.

Le soubassement du château comporte une série de belles salles voûtées sur plusieurs niveaux.

 

LA PORTE SABRAN XIII°s. : Ces deux châteaux composaient le point fort du système défensif de la cité qui était entourée d'une enceinte (détruite également en 1628), de 6 mètres de haut et précédée d'un fossé sec d'une dizaine de mètres de large, toujours appelé " la dougue "(douve).

La porte Sabran (la seule conservée des 5 portes qui donnaient accès à la cité), présente une belle facture en moyen appareil, à bossage datable du début du XIII°s. On mesure bien la hauteur du mur d'enceinte couronné par un chemin de ronde. La construction de l'horloge au-dessus de la porte date du XVII°S.

Le tracé de l'enceinte est près de cinq fois plus vaste que le noyau original fortifié du haut moyen-âge . Son importance tient à la fois au désir de donner aux remparts une forme convexe, choisie pour sa qualité défensive, de créer des refuges pour les populations rurales, voire de conserver certaines réserves foncières en cas d'expansion urbaine.

 

LES ANDROUNES : (en occitan : " andronas " = ruelles, passages) Les circulations principales de la cité ont emprunté tout naturellement les pieds des lignes de rocher permettant ainsi le développement à l'horizontal d'un urbanisme régulier selon une disposition en éventail autour de la pointe de l'éperon et du château. Pour bien comprendre la structure de l'agglomération médiévale, il faut emprunter les androunes, ces passages étroits souvent en escalier, qui établissaient une liaison facile et directe entre les différentes rues étagées en même temps qu'elles permettaient une évacuation simple des eaux pluviales et des eaux usées vers les point bas de la falaise.

 

LE FORT : Situé au-dessus encore, le fort, en forme d'amande de 200m sur 100m, barre l'extrémité du plateau, s'appuyant sur la falaise supérieure. On peut présumer cependant que son rôle de forteresse fut alors mis en avant et notamment aux V°-VI°s, ce site occupant plus que jamais une position stratégique : il était en effet dressé à la frontière entre les territoires des Francs, détenant l'Uzège, et ceux des Wisigoths, étendus sur Nîmes et ses environs.  Il est vraisemblable que ces deux forces en présence s'y soient succédé.

Vinrent ensuite les Arabes qui semblent s'être emparés de cette place essentielle, et s'y être maintenus quelques temps. Les arabes furent chassés à la suite de la campagne militaire menée par Charles Martel (la ville de Nîmes a été conquise en 725 et reprise et incendiée par Charles Martel en 738). La forteresse dont les ruines occupent toute la partie Nord de Vézénobres, pourrait avoir été ébauchée à partir de cette époque .

Au début du XVII° ce fort transformé en caserne abritait une garnison importante (1.200 à 1.500 hommes). Ce sont ses ruines qui constituent actuellement le bourrelet sommital de la colline.

C'est de ce point haut que se découvre un large panorama illustré par une table d'orientation .

 

L'AGGLOMÉRATION PRIMITIVE : Au XI°s., un château existait à l'extrémité de l'éperon et l'agglomération primitive semble s'être installée à son pied Sud entre les deux principales lignes de falaises, sur un espace restreint de 100m sur 50m environ, au-dessus de l'actuelle place de la Mairie, à l'Est des escaliers du temple, au point de convergence des différents chemins d'accès.

Le plan actuel conserve un système de ruelles imbriquées avec de nombreux décrochements en baïonnette, typique de l'urbanisme dense des pays méditerranéens mais le plan cadastral napoléonien montrait , ce qui est beaucoup plus original, un parcellaire de petite dimension en damier presque régulier qui trahit un urbanisme volontariste comme si un vieux village peu architecturé avait été construit sur le modèle d'une " bastide " ou " ville neuve ", à l'aube de son entrée dans l'histoire.

Cette structure, par suite des destructions et des élargissements de voies est devenue totalement illisible sur le cadastre rénové actuel.

Au-dessus, une zone formant sensiblement une demi-ellipse de 120m sur 120m, située entre le château féodal et le fort, correspond certainement au premier réduit fortifié qui , qualifié de " plan "(place), a donné son nom au quartier.

 

LA CARRIERA DRECHA XII°/XIII° s : (rue droite, grand' rue) C'est l'axe majeur du village, composé actuellement de la rue de l'horloge, de la place de la Mairie, de la Grand'rue, de la rue des Maisons romanes, de la rue de la Porte d'Alès. Installé presque à l'horizontale, elle double l'ancienne rue romane située une dizaine de mètres plus au Sud, en contrebas de 6 à 7mètres dont on retrouve dans les caves actuelles les façades avec porte en plein cintre ou en ogive.

C'est qu'au XII°s. en effet, les habitations s'élèvent et possèdent au moins un étage dépassant ainsi le niveau des escarpements, créant le besoin d'une nouvelle desserte.

Profitant d'une très bonne exposition, le " nouveau quartier "va se développer en s'appuyant sur un commerce florissant. Les belles maisons sont construites par des " bourgeois ", négociants ou artisans aisés, des marchands pisans ou gênois dont on connaît bien le rôle à Saint Gilles.

L'architecture d'origine médiévale est très homogène dans son aspect général, moins dans le détail et avec des réalisations variées. Parmi les éléments caractéristiques, on peut noter :

- des façades principales en pierre de taille calcaire, soigneusement appareillées en petit ou moyen appareil.
- des portes en plein cintre à claveaux larges
- des fenêtres d'étage rectangulaires petites et peu nombreuses
- un cordon mouluré à la base du 1er étage
- un cordon analogue dominant un cordon de losanges dans la rue des maisons romanes (que l'on retrouve sur les églises d'Alès, de St Hilaire de Brethmas, de Gattigues -hameau de la commune d'Aigaliers et de Thines - Ardèche méridionale )
- une organisation de façade comportant au rez-de-chaussée une ou 2 arcades et une ou deux portes piétonnes plus étroites.
- quelques fragments sculptés, en remploi sur les façades, provenant de l'ancien prieuré Saint André de Vézénobres, détruit pendant les guerres de religion, d'inspiration romane dans un haut relief qui n'est pas non plus sans évoquer Saint Gilles.
A l'intérieur, les pièces anciennes sont voûtées en berceau plein cintre d'axe parallèle à la pente, ce qui permet aux constructions de se renforcer mutuellement - les châteaux ou maisons nobles possèdent des voûtes en berceau croisées en anse de panier et des voûtes d'arêtes surbaissées.

Les portes bâtardes débouchent directement dans une pièce plus ou moins carrée à usage de boutique ou d'échoppe.

Les portes piétonnes servent d'accès à des escaliers habituellement droits en maçonnerie et portés par un arc rampant . Il y en a généralement deux, l'un donnant accès aux étages supérieurs et l'autre aux anciens étages inférieurs, aujourd'hui transformés en caves.

C'est au XVII°s., pour répondre au grand développement de la production de la figue sèche vendue en grande quantité à la foire de St André (28 novembre) que les maisons situées sur le côté sud de la grand'rue s'équipent de " calaberts ", grandes pièces ouvertes, voûtées en berceau et exposées au Sud, dans lesquels on pendait, en automne, les colliers de figues destinées à la dessication . Ce sont ces séchoirs qui donnent au village vu de la plaine, son aspect particulier. ils ont été construits sur l'ancienne voie romane, désaffectée dont les riverains se sont partagé l'assiette.

     

CHATEAU De la famille de Bernis-Calvière