CASTILLON DU GARD
Le village de Castillon du Gard, à quelques kilomètres du célèbre Pont du Gard, se trouve à 92 m d'altitude sur une butte en grès calcaire, la superficie de la commune s'étend sur 1700 ha environ. la commune connaît une occupation humaine depuis la Préhistoire jusqu'à nos jours. Quelques monuments nous sont restés et peuvent être visités : il s'agit de la villa de La Gramière (époque romaine), des chapelles St-Christophe et St-Caprès (époque médiévale). Restauré à la fin des années 1970, le village présente plusieurs aspects architecturaux.
LAVOIR
LA CHAPELLE SAINT CHRISTOPHE : La chapelle de St-Christophe se trouve dans la plaine au Sud-Est du village. L'église est à nef unique, comportant deux travées. A l'est, se situe une abside dans laquelle est ouvert un jour en archère avec ébrasement intérieur. Le linteau est un monolithe, engravé en plein cintre décaissé, surligné d'un dessin gravé au ciseau, représentant les joints d'un arc clavé. Le parement intérieur était enduit à la chaux et décoré. Les fragments conservés de peinture polychrome ne permettent pas de donner d'appréciation chronologique. Un motif de frise encadré de festons laisse apparaître une coloration ocre et rouge brun. D'autres fragments appartenant au drapé d'un personnage présentent un fond rouge vif entamé de lignes blanches. Les murs gouttereaux nord et sud sont divisés en leurs milieux par les contreforts centraux qui épaulent le retombée de l'arc doubleau intérieur. Au niveau absidial, un deuxième couple nord-sud de contreforts reprend les charges du doubleau maintenant le cul de four. Un troisième couple est situé dans l'axe de la façade occidentale. A l'intérieur de chaque travée, la voûte retombe sur un arc aveugle encadré d'impostes formant tailloir, sans décor ni moulure. Le mur nord est percé d'une porte qui parait avoir été rajoutée après la construction de l'église. Sa forme singulière mérite d'être observée. La porte est sans encadrement ni feuillure, la butée semblant être assurée par la saillie du seuil et le verrouillage par une pièce de bois coulissante. A hauteur de la naissance de l'arc, on note un retrait de part et d'autre sur lequel s'appuie un arc brisé sensiblement aplati. Cette ouverture semble correspondre à un percement contemporain à la mise en service de la grande salle du prieuré qui jouxte la deuxième travée. Une autre ouverture, d'origine cette fois, était située contre le pilastre central, au sud de la première travée. Le portail principal, occidenté, a été arasé dans sa quasi totalité. Un seul rang de moellons est encore en place et rend hasardeuse toute restitution. La présence de claveaux-consoles dans les arcs aveugles est à retenir. D'après V. Lassalle, il s'agit d'éléments décoratifs inspirés par des édifices antiques n'ayant pas joué, ici, de rôle structurel dans la mise en oeuvre des arcs. La couverture de l'abside en petites lauzes de calcaire appareillées est partiellement conservée. La démolition sur sa périphérie semble correspondre à la mise en oeuvre de la surélévation défensive du chevet. cette dernière composée en pans coupés ne subsiste que sur la partie nord de l'ouvrage. Seul le chaînage d'angle est appareillé. On notera, enfin, qu'un encorbellement appartenant aux mâchicoulis de la terrasse défensive est conservé sur ce qu'il reste de la façade occidentale. L'emplacement en négatif d'un deuxième encorbellement, plus au sud, est visible et permet de déterminer l'intervalle de séparation entre les éléments porteurs. C'est le seul témoin manifeste de la fonction militaire de l'édifice. - A l'Ouest de la chapelle, près du portail, une pièce d'habitation datée du Xe-XIe s. a été reconnue. - les traces d'une huilerie datable de la fin du XIIIe et du XIVe siècle ont été révélées par plusieurs bassins correspondant à un système de décantation par surverse et par la présence de noyaux d'olives carbonisés. - Sept sépultures datées d'entre le XIVe et la XVIe s. ont été fouillées. Elles marquent l'emplacement d'un cimetière.
HISTOIRE :
L'église St-Christophe est implantée au sein d'un ancien prieuré, dont
la première mention semble remonter à 1276. L'historien remoulinois, G.
Charvet, précise : "... les bâtiments ruinés attenant à la chapelle
rurale de St-Christophe de Castillon-du-Gard, étaient le siège d'une
préceptorie de la milice du Temple". ..."Après la disparition de l'ordre
des Templiers, St-Christophe, devenu prieuré rural, dépendit du prieuré
conventuel de St-Pierre de Pont-St-Esprit, de l'ordre de Cluny".
Plusieurs mentions attestant l'existence d'un seul prieur, pour Connaux
et Castillon, sont établies en 1338, 1489, et 1543. Les deux prieurés
fournissent un revenu au camérier du monastère de Pont-St-Esprit, puis à
partir de 1543, à la mense monacale (c'est à dire aux moines). L'abandon
du site pourrait remonter aux guerres de religion selon les historiens
locaux. La légende de Saint Christophe : Selon la légende dorée, le héros est un géant païen, d'origine cananéenne, nommé Offerus ou Offro, Adokimus ou encore Reprobus avant son baptême. Il veut servir le plus grand prince du monde. Il quitte le service du roi des Canaans, lorsque celui-ci refuse de lui expliquer pourquoi il fait le signe de croix chaque fois que son jongleur nomme le Diable. Reprobus en conclut que Satan est plus puissant que le roi, et s'en va à sa recherche. Il rencontre une troupe de soldats, dont le chef se déclare être le Diable, et Reprobus se met à son service. Mais une fois encore, il est vite déçu. Un jour, le Diable lui demande de faire un grand détour afin d'éviter une croix dressée à un carrefour. Reprobus interroge le Diable sur ce comportement inattendu, et enfin, après un premier refus celui-ci lui raconte la vie du Christ. Sur ce, Reprobus se met à chercher Jésus. Il rencontre un ermite du nom de Babylas, qui lui conseille d'abord de prier et de jeûner, mais puisque Reprobus, qui n'est pas encore chrétien, ne comprend rien à ces coutumes, l'ermite lui promet qu'il verra le Christ, s'il s'installe près de la rivière pour aider les voyageurs et les pèlerins à traverser. Reprobus accomplit avec succès son travail charitable jusqu'au jour où il entend la voix mystérieuse d'un enfant. A deux reprises, il entend la voix, sans pourtant trouver l'enfant. La troisième fois, il voit un enfant, qui lui demande de traverser. Il monte sur les épaules du géant qui commence la traversée. Mais à mesure qu'ils s'approchent de l'autre rive, le poids du passager devient de plus en plus lourd. Enfin, Reprobus après de grands efforts, gagne la terre ferme; à bout de forces, il demande à l'enfant qui il est. L'enfant lui répond qu'il est Dieu, et que Reprobus a porté le poids de tout le monde. Dieu prouve son identité au moyen d'un miracle : il fait fleurir le bâton dont Reprobus se servait en transportant les voyageurs. (C'est probablement ici que Reprobus est baptisé et renommé Christophe, c'est à dire porteur du Christ). Le lendemain, Christophe se dirige vers Samos en Lycie, cherchant à répandre le message chrétien. Il apprend miraculeusement la langue du pays, et convertit des milliers de païens. Le bruit de son succès arrive au roi Dagnus, qui décide de l'emprisonner. Deux armées de chevaliers sont chargés de l'arrêter, mais ils sont tellement impressionnés par son physique et par ses sermons, qu'ils se convertissent. Finalement Christophe se rend volontairement à Dagnus. Avant d'être mis à mort, le saint aurait été tenté par deux prostituées, Nicée et Aquiline, qu'il aurait ensuite converties. Christophe est emprisonné par l'empereur, et torturé. Lorsque les archets lâchent leurs flèches, Christophe n'est pas blessé. Ce sont les archers mêmes qui sont tués par leurs propres flèches; de plus l'empereur lui-même est blessé à l'oeil. Dagnus, suivant les instructions de Christophe, le décapita et se lava l' œil du sang du martyr. L'empereur est guéri et devient tout de suite chrétien. Plusieurs corporations l'ont choisi comme patron : il était - patron des enfants, dans le Piémont, pour ceux qui ne marchent pas ou dont la croissance et retardée - patron des sociétés de tempérance - patron des portefaix à Tolède, des forts de halles, des scieurs de long, des charpentiers, des débardeurs, des porteurs de grains, des arbalétriers et tous métiers de force - patron des fruitiers - patrons des mariniers - patrons des villes et villages périlleux et surtout patrons des voyageurs et pèlerins. |
CAPITELLE
La Léproserie : Les ruines sont au sud de Castillon, pas loin de la chapelle Saint Christophe. La lèpre, connue en Occident dès l'époque gallo-romaine, emmenée en Europe par les croisades, atteint son maximum au XIIe et XIIIe siècles. Elle inspire à cette époque une terreur telle que les lépreux perdent leurs droits civiques et sont rejetés de la communauté humaine. En effet, pour combattre ce fléau, les prêtres ordonnent le brûlement des affaires des personnes atteintes et leur isolement dans des maladreries ou léproseries, bâtiments éloignés des villages à charge de la communauté ou de la paroisse. On comptait alors près de 2 000 léproseries en France pour 20 000 en Europe. Les lépreux, condamnés à la charité publique, ne peuvent désormais franchir les limites du domaine sans autorisation, sont interdits de vendre, donner ou léguer leur terre, ni se marier avec une personne saine. En cas de désobéissance, la terre leur était enlevée. On assiste alors à une éradication de la maladie avec des résultats spectaculaires. À partir du XIVe siècle la régression de la lèpre en France fait progressivement diminuer le nombre des malades admis dans la maladrerie. La maladie se raréfie dès la moitié du XIVe siècle. Louis XIV ordonnera la fermeture du dernier établissement en 1693. Si la France l'a à ce jour endiguée, il existe encore, en ce début du XXIe siècle, des cas de lèpre à travers le monde et des gens se battent toujours pour éradiquer cette maladie. Malheureusement, par manque de moyens, on sait que la lutte pour vaincres ce fléau dans les pays sous développés sera longue et difficile. |
HISTOIRE : Avant la fondation du village de Castillon, différentes occupations humaines ont été reconnues. La plus ancienne trace d'occupation humaine daterait du Paléolithique Supérieur (Magdalénien -16000/-10000) trouvée sur le site de Fontgrasse entre Castillon et Vers (fouillée par F. Bazile dans les années 1980). Durant le Néolithique, une importante "station" aurait été découverte sur le plateau de Castillon dans les années 1910. Pour cette même période, une grotte (aux Escaravassons) datant du Fontbouisse a été fouillée en 1975 et a livré un abondant matériel. Les prospections pédestres révèlent que la plaine est également occupée. Une dizaine de "sites" ont été ainsi repérés. L'Age du Fer et la période républicaine semblent moins présents. Les sites actuellement découverts sont de petites dimensions cependant une possible agglomération existait vraisemblablement sur le versant ouest du relief de Castillon. En revanche, le Haut et Bas-Empire sont des périodes bien représentés avec la mise en place de deux villae importantes (La Gramière, La Croix de Fenouillet); des occupations plus modestes (habitats, bâtiments annexes, atelier...) sont connues. Enfin, durant le haut Moyen Age, deux hameaux se développent avec la création des chapelles de St Caprais et St Christophe. La première mention du village de Castillon du Gard remonte à 1207. Le site est signalé comme un castrum, (Castrum Castelione) c’est à dire un lieu fortifié. En 1211, on apprend que Castillon constituait une possession de l’église d’Uzès. La Seigneurie du lieu appartenait au Prévôt de la cathédrale d’Uzès, qui possédait à Castillon une maison défendue par une herse. Ne nous sont parvenus de cette agglomération primitive que quelques traces : la chapelle située au nord-ouest, probablement aussi la porte située à l’est (le portalet). Le site de Castillon était défendu par un rempart dont des tronçons sont conservés sur la façade orientale du village. Le tronçon sud du rempart a complètement disparu, mais son tracé correspondait à peu près à celui des façades des maisons qui bordent au nord la place du village. La population s’est rapidement concentrée dans le village, vidant les deux hameaux de la plaine, Saint-Caprais et Saint-Christophe, de l’essentiel de leurs habitants. Au XIVe s., il ne semble plus y avoir d’habitations autour de Saint-Caprais, tandis que Saint-Christophe est occupé par une communauté religieuse. Les textes gardent la mémoire de querelles qui ont pu exister à cette époque entre Castillon et les communautés environnantes. Ainsi en 1307, les consuls de Castillon portent plainte au sénéchal de Beaucaire contre le viguier de Valliguières qui leur avait fait saisir plusieurs charges de sel. Le XIVe s. a été comme dans tout le Languedoc une période difficile. A la guerre contre les Anglais (guerre de Cent Ans), s’ajoutent les brigandages des « routiers » et la Peste Noire, qui a décimé au milieu du siècle une part importante de la population. C’est dans cette situation misérable que les Castillonnais se révoltent à la fin du XIVe s. contre des collecteurs d’impôts envoyés par le sénéchal de Beaucaire. Au XVIe s., les Guerres de religion eurent des répercussions très importantes sur le village. Les Catholiques et les Protestants se disputent âprement le site stratégique de Castillon. Les protestants s’en emparent en 1568. En 1570, il est repris par l’amiral de Coligny (parti catholique). Les protestants d’Uzès le reprirent le 27 mai 1575, mais les Catholiques s’en emparèrent à nouveau au mois de mars 1580. En 1626-28, Castillon tombe entre les mains du Duc de Rohan qui démantèle le village et ses fortifications. Les murs d’enceinte du village seront cependant réparés un siècle plus tard, en 1720, à la demande des consuls du village. Au milieu du XIXe s., l’accroissement de la population nécessita la construction d’une nouvelle église. Sa construction s’acheva en 1865. Située au sud-ouest du vieux village, elle mélange des influences romanes et gothiques. Peu de temps après, le village fut durement touché par le phylloxera, qui détruisit une partie du vignoble. La commune a été occupée par les troupes allemandes durant la seconde Guerre Mondiale. Ils avaient établi leur quartier général, non loin de Castillon, au Château de Saint-Privat. Un poste radio émetteur était installé près de l’ancien Moulin à vent, ainsi qu’un dépôt d’armes dans les garrigues, à l’ouest du village. A la libération, le village échappa de peu à la destruction. En effet, les Allemands avaient prévu de faire sauter le dépôt d'armes. Les fils qui reliaient les îlots de munitions furent heureusement sectionnés par des Résistants. |